Je ne suis pas pour qu'on arrète ce post,
Je trouve ça très interressant de tirer un peu au clair cette notion d' "alternatif" surtout si on continue à poster des images de footballeuses en T-shirts mouillés....
Enfin je dis au clair, c' est mal barré quand je vois mon post dans ce sujet que j'ai écris après une soirée bière, rhum et psylos .Aujourd'hui je n'arrive plus à comprendre la moitié de ce que je voulais dire (du coup j'ai essayé de le réediter un peu)....
Il me semble que le terme alternatif dans l'imaginaire collectif du caniche ça ressemble à une forme de contestation contre-culturelle éthique et responsable.
Merci pour tes encouragements.
Déjà, dans "alternatif", il faut entendre "autre". Et pas uniquement dans l'imaginaire du Caniche : c'est pas un mot récent. Ce serait d'ailleurs intéressant de se demander de quand date le premier usage de ce terme. Les années 60 ? 70 ? Dans les 60's, on parlait de "contre culture" en effet. Je suppose que "alternatif" propose un sens plus "positif" que "contre culture" pour donner une image plus moderniste à la vieille idée d'un changement social et politique qui serait impulsé par certains acteurs (en gros, généralement les jeunes, les artistes en marge, les agitateurs, les anars : c'est du cliché de base, mais c'est souvent ça qu'on entend par "alternatif").
Les formes de contestation des rapports de domination existent depuis très longtemps, mais la liaison systématique entre contextation des rapports de domination, pratique culturelle et jeunesse me semble un phénomène relativement récent. Le rock'n'roll peut être vu comme une contestation de la domination patriarcale ou familiale par la jeunesse de l'après guerre : un processus d'émancipation de la cellule familiale dont les valeurs, aux USA en particulier, valeurs rigoriste issues du protestantisme un peu puritain, sont confrontées avec une société d'opulence qui place les loisirs et la consommation au sommet d'une nouvelle hiérarchie de valeurs. Du coup, les jeunes rockers contestent l'autorité parentale, sans vraiment thématiser une opposition à la société dans son ensemble. C'est dans les années 60 que cette opposition passe du contexte familial au contexte socio-politique avec la beat generation et le revival du protest song. On trouve ça aussi en amérique latine, dans les années 60/70, avec une liaison particulière avec des formes de revendication issues des peuples "premiers" (je pense à Victor Jara, chanteur gauchiste assassiné sous Pinochet, qui était métis, ou à Atahualpa Yupanki, inti illimani, etc.). Aux USA et en Angleterre, le "message" est plus basiquement socio-politique. Quoi qu'il en soit, c'est le "système" qu'on dénonce, plus que les parents. On est en pleine guerre du Viet Nam, et c'est cette guerre qui cristalise la contestation et l'aspiration à un "autre" monde, à des "alternatives" à la société de consommation, de domination de la nature par l'industrie, etc. Depuis, on n'a fait que suivre ces schémas sans vraiment les renouveler, il me semble.
Pour revenir à la question initiale, le fait que les alternatifs soient souvent à l'origine de démarches qui les conduisent à reproduire ce contre quoi ils luttent n'est pas récent et a déjà été pointé. Marcuse, dans l'Homme unidimensionnel (1964), dit en gros ça à propos des beatnik. Après un passage sur l'écriture subversive de B. Brecht, il explique que "
l'avant garde et les beatniks se partagent le rôle de distraire l'homme de bonne volonté sans faire courir de danger à sa bonne conscience. Ce phénomène d'absorption culturelle est justifié par le progrès technique : parce qu'il y a moins de misère dans la société industrielle avancée, le Refus est réfuté". C'est ce que je disais plus haut, avant d'être stoppé dans mon élan : le système capitaliste est une machine à absorber les contradictions et à dépolitiser les oppositions. Il faut énormément de temps, d'expériences, de lucidité, de cohérence, pour se rendre compte que, parfois, en criant "mort au système", on va exactement dans le sens du système. Je me rappelle d'un film québéquois dans lequel j'ai entendu la magnifique expression suivante, à propos de ces formes conventionnelles de contre culture : "
les Disneyland de la contre-culture". J'adore cette expression. Pour moi,,un teknival est l'un de ces disneylands de la contre culture qui reproduisent la société de consommation et de domination avec ses pires défauts tout en tenant un discours contre la consommation et la domination.
+A+