Auteur Sujet: Existe  (Lu 5889 fois)

Larm

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Existe « le: juin 14, 2007, 16:44:13 pm »


Nue. Les muscles de ses doigts crispés sur la lame noire du sang de son amant, elle expire dans un râle rauque.
Sa poitrine tressaille, soubressaute au rythme de l'oxygène que sa hargne laisse difficilement passer : ses machoires refusent de s'ouvrir et un mince filet d'air se fraye un difficile chemin entre ses dents grinçantes.
Des mois qu'elle subit. Des années qu'elle se tait...
Alors que ce dernier ébat lui avait révélé son seul futur possible : la fin par le sang puisque les mots refusaient de la libérer, elle avait agi sans contrôle. Comme si cette vie de retenue, d'introvertion lui avait hurlé "plus jamais ça !".
Alors qu'elle avait étouffé ses cris de douleur tandis que son amant la pénétrait sans complexe là où il était sûr qu'il ne risquait pas de complications, ses pensées tout entières s'étaient tournées vers cette superbe dague brillante qui reposait dans le tiroir de sa commode. L'abnégation allait la tuer. Tout devenait clair, ce serait son acte de résistance à elle, le seul de son existence. Elle prendrait possession de sa vie en se donnant la mort, en ne servant plus les autres... La douleur s'effaça enfin. Elle esquisça même un sourire en vue de sa proche renaissance, ce que son partenaire prit pour lui. Il besogna de plus belle... jusqu'à lui gémir dans le creux de l'oreille, jouir dans le creux de ses reins, et retomber lourdement sur le dos, suant, haletant ; somnolent.
Elle resta immobile, ses tempes résonnant lourdement, guettant le sommeil de son invité. Le liquide chaud coulait lentement de ses fesses à ses cuisses pour se répandre sur les draps. Elle avait toujours détesté ça. Aujourd'hui elle savourait cette sensation :  "coule donc, souille moi encore, profites-en bien car je m'en vais...".
Le sommeil ayant enfin alourdi la respiration de son maître, elle se leva, livide, les mouvements fluides et aériens de son corps lui donnaient une allure spectrale tandis qu'elle se dirigeaient vers la commode.
Jamais elle ne s'était sentie aussi libre. Les mille et une barrières qui la cloisonnaient perpétuellement venaient de s'envoler pour laisser place à une légère brise délicate sur sa peau blanche.
La lame dans sa main lui donnait une impression de puissance rassurante. Elle resta ainsi plusieurs minutes, à gouter ce nouveau monde qui s'offrait enfin à elle.
Puis lentement, elle approcha l'acier acéré de sa propre gorge. Plus elle s'approchait, plus elle sentait l'étau dans sa poitrine se resserrer. Lorsqu'elle sentit le froid entrer en contact avec sa peau, ce fut un cauchemar. Le bonheur s'était évanoui et toute la misère, toutes les barrières revinrent en elle avec une violence inouïe. Elle eut un haut le coeur et se retint de vomir. Les larmes montèrent au fur et à mesure que l'évidence s'installait : l'espoir et le courage d'en finir venaient de la quitter.
Elle sentit alors quelque chose de nouveau monter en elle, quelque chose qui l'avait pourtant toujours habitée, quelque chose qu'elle avait toujours gardé enfouie dans son ventre. C'était comme si les herses de ses prisons mentales se rassemblaient, fusionnaient en un immense trident de colère. Elle sentit son corps se convulser et n'essaya pas, cette fois, de l'arrêter.

djimboulélé

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Existe « Réponse #1 le: juin 16, 2007, 17:51:07 pm »
ah, c'est dur !...j'comprend pourquoi j'aime les nuage et les formes molles comme les oreillers en plume, l'eau tiède...

Larm

  • Yog-Sothoth Mucus
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Existe « Réponse #2 le: juin 18, 2007, 11:52:37 am »
euh... j'ai pas bien compris. C'est par opposition au couteau ?

Larm

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Existe « Réponse #3 le: juin 22, 2007, 12:48:54 pm »
Bon alors là j'ai été patient mais ça suffit les conneries !!!

Vous allez me dire ce que vous pensez de ce texte bordeeeeeeel ???!!!!


riz

  • Velextrut sarcoma
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Existe « Réponse #4 le: juin 22, 2007, 13:44:45 pm »
Moi j'aime pas trop , c'est trop sérieux et grave pour me plaire ; en plus j'aime pas du tout la photo ,

j'ai envie de lui dire "pose ce couteau et vient donc manger un cassoulet, si tu mettais une culotte ça m'arrangerait aussi ça commence à sentir la crevette ici !"

Larm

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Existe « Réponse #5 le: juin 22, 2007, 14:11:17 pm »
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le passé simple donne un côté "moelleux" qui "tranche" avec la violence du récit

Ah intéressant, j'vais y réfléchir. merci !

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Moi j'aime pas trop , c'est trop sérieux et grave pour me plaire ; en plus j'aime pas du tout la photo ,

j'ai envie de lui dire "pose ce couteau et vient donc manger un cassoulet, si tu mettais une culotte ça m'arrangerait aussi ça commence à sentir la crevette ici !"

 smiley13
Ptain moi la photo me parle trop. J'ai une sorte de phobie du viol et cette photo m'a semblé rétablir un équilibre... (merci Alain de l'avoir postée d'ailleurs).

sqaw lee

  • Velextrut sarcoma
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Existe « Réponse #6 le: juin 22, 2007, 14:17:54 pm »
j'trouve ça bien écrit mais comme riz au lait ça ne me parle pas trop...

phobie du viol ou fantasme refoulé ? :boulette: smiley9

Le caca ne fait pas tourner la terre, mais rend l'amour plus agréable !
Poil pour tous et tous à poil !
J'ai fait kk à ikea !
Les rêves sont au cerveau ce que le caca est aux intestins !
ça a l'air bien pour ceux qui aime bien!

Larm

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Existe « Réponse #7 le: juin 22, 2007, 14:26:36 pm »
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j'trouve ça bien écrit mais comme riz au lait ça ne me parle pas trop...

Merde, je pense que ce texte est un échec alors... J'espèrais faire un truc genre vrp mon amour. Allez j'verrai pour le prochain.

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phobie du viol ou fantasme refoulé ?

euh... je... enfin... non rien  smiley10

sqaw lee

  • Velextrut sarcoma
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Existe « Réponse #8 le: juin 22, 2007, 14:48:40 pm »
non pas un échec faut pas dire ça, ça dépend vraiment de l'état d'esprit de celui qui le lit parc'que c'est malgrès tout bien écrit, juste que je suis pas réceptive à ce genre de texte en c'moment...puis l'image me cause pas trop non plus...p-e que ça peut desservir ton texte pour celui ou celle qui ne l'aura pas ressenti comme toi, même si c'est elle qui te l'aura inspiré...

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cloporte atomisé

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Existe « Réponse #9 le: juin 28, 2007, 11:37:08 am »
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tandis que son amant la pénétrait sans complexe là où il était sûr qu'il ne risquait pas de complications

 smiley5  smiley5

En tout cas j'ai trouvé ce texte "puissant", et c'est vrai que le présent aurait encore renforcer cette impression.
Donc, j'aime le texte (même si c'est pas le pays des bisounours) mais la photo, j'ai du mal aussi...
Ø##Ø##Ø##Ø!!Ø
- Un enfant ne conprendrait pas cela...
- Un indien non plus...
- Un indien dirait que c'est un rêve.

Larm

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Existe « Réponse #10 le: juin 28, 2007, 12:37:38 pm »
Ok ok. Le présent et la photo étant des commentaires récurrents, je vous mets une version sans photo et au présent avec de très légères modifications.
Et maintenant ça donne quoi ?

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Nue. Les muscles de ses doigts crispés sur la lame noire du sang de son amant, elle expire dans un râle rauque.
Sa poitrine tressaille, soubresaute au rythme de l'oxygène que sa hargne laisse à peine passer : ses mâchoires refusent de s'ouvrir et un mince filet d'air se fraye un difficile chemin entre ses dents grinçantes.

Des mois qu'elle subit. Des années qu'elle se tait...
Ce dernier ébat lui avait révélé son seul futur possible : la fin par le sang puisque les mots refusaient de la libérer, elle avait agi sans contrôle. Comme si cette vie de retenue, d'introversion lui avait hurlé "plus jamais ça !".

Alors qu'elle étouffe ses cris de douleur tandis que son amant la pénètre sans complexe là où il est sûr qu'il ne risque pas de complications, ses pensées tout entières se tournent vers cette superbe dague brillante qui repose dans le tiroir de sa commode. L'abnégation la tuera. Tout devient clair, ce sera son acte de résistance à elle, le seul de son existence. Elle prendra possession de sa vie en se donnant la mort, en ne servant plus les autres... La douleur s'efface enfin. Elle esquisse même un sourire en vue de sa proche renaissance, ce que son partenaire prend pour lui. Il besogne de plus belle... jusqu'à lui gémir dans le creux de l'oreille, jouir dans le creux de ses reins, et retomber lourdement sur le dos, suant, haletant ; somnolent.
Elle reste immobile, ses tempes résonnent lourdement, guettant le sommeil de son invité. Le liquide chaud coule lentement de ses fesses à ses cuisses pour se répandre sur les draps. Elle a toujours détesté ça. Aujourd'hui elle savoure cette sensation : "coule donc, souille moi encore, profites-en bien car je m'en vais...".
Le sommeil ayant enfin alourdi la respiration de son maître, elle se lève, livide, les mouvements fluides et aériens de son corps lui donnent une allure spectrale tandis qu'elle se dirige vers la commode.
Jamais elle ne s'est sentie aussi libre. Les mille et une barrières qui la cloisonnaient sans relâche viennent de s'envoler pour laisser place à une légère brise délicate sur sa peau blanche.
La lame dans sa main lui donne une impression de puissance rassurante. Elle reste ainsi plusieurs minutes, à goûter ce nouveau monde qui s'offre enfin à elle.
Puis, lentement, elle approche l'acier acéré de sa propre gorge. Plus elle s'approche, plus elle sent l'étau dans sa poitrine se resserrer. Lorsqu'elle sent le froid entrer en contact avec sa peau, c’est le cauchemar. Le bonheur s'évanouit ! Et toute la misère, toutes les barrières reviennent en elle avec une violence inouïe. Elle a un violent haut le coeur et se retient de vomir. Les larmes montent au fur et à mesure que l'évidence s'installe : l'espoir et le courage d'en finir viennent de la quitter…
Elle sent alors quelque chose de nouveau monter en elle, quelque chose qui l'a pourtant toujours habitée, quelque chose qu'elle a toujours gardée enfouie dans son ventre. C'est comme si les herses de ses prisons mentales se rassemblaient, fusionnaient en un immense trident de colère.
Elle sent son corps se convulser et n'essaye pas, cette fois, de l'arrêter.