LA SCIE MUSICALE D'EMMANUEL BRUN 1975

La lame sonore, aussi appelée " scie musicale " est une simple lame d'acier de largeur progressivement décroissante (style scie égoïne).
Il est possible, en lui imposant une certaine inclinaison, d'en tirer des sons étranges et fascinants qui, convenablement maîtrisés, peuvent devenir sublimes et provoquer chez les auditeurs, une impression profondément relaxante dont les bienfaits sont, d'ailleurs, utilisés en " musicothérapie ".
Le musicologue Carl de Nys a trouvé trace de cet instrument dans un catalogue datant de 1890.
Durant le début du 20ème siècle, la scie fut utilisée surtout pour des artistes de music-hall. Malheureusement, leur niveau technique insuffisant donnait bien souvent une idée fausse et dérisoire de cet instrument.
Toutefois, le grand compositeur Arthur Honegger l'a utilisé d'une manière très envoûtante dans son " Antigone ".
Il fallut attendre 1948 pour que paraisse une nouvelle méthode dont l'auteur, Jacques Keller. expose une technique nouvelle et révolutionnaire donnant au maniement de l'archet (violoncelle ou violon) un rôle prépondérant pour entretenir et moduler les sons en nuances les plus subtiles.
Baptisée dès lors " lame sonore ", l'ancienne " scie musicale " amorce une carrière classique très prometteuse.
" La lame sonore que connaissaient nos grands-parents a un passé peut-être plus lointain. On peut même dire qu' il plane dans la nuit des temps et que ses origines restent encore secrètes. Tantôt plainte grave et profonde, plus émouvante encore que le violoncelle ou la basse, tantôt murmure subtil et envoûtant, tantôt souffle de la joie dans une plénitudes si angélique que la musique semble jaillir d'ailleurs, tantôt appel fascinant comme celui d'une voix inférieure, la lame d'acier révèle des possibilités que nul autre infiniment ne peut atteindre.
Emmanuel BRUN, depuis des années, procède à des recherches passionnées et patientes pour tenter d'arracher à la lame d'acier ses secrets qui prennent racine dans un ésotérisme magique.
A l'écoute de sa musique, on peut capter des ondes étranges, des palpitations musicales jamais perçues ailleurs, des harmonies d'une subtilité subjugante ..
La lame sonore se prête à toutes les expériences : elle apporte des notes originales à toutes créations qu'elles appartiennent au passé le plus classique ou au présent le plus insolite : musique ancienne et dissonances contemporaines prennent, à travers elle, une dimension nouvelle et une expressivité inconnue.
Les pages célèbres prennent un relief étrangement neuf à travers les variations quasi infinies qu'Emmanuel BRUN fait naître de cette lame sonore dont on peut croire qu'il fût l'instrument des dieux. Claudel n'en disait-il pas qu'elle est " un des plus beaux vase de la musique ".
Suzaru
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