Un article publié sur le site de Mediapart (et payant), repris par toute la presse, remet en question le témoignage qui fit tomber « la cellule invisible ».
A la fin de ce courriel, le commentaire d'un journaliste du site Arrêt sur images indique que ce témoignage qu'on retrouvait dans la presse pour appuyer l'opération, n'était visiblement pas pris au sérieux du côté des juges.
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Tarnac: le témoin à charge contre Coupat serait un mythomane
www.liberation.frLe site d'information Mediapart met en cause la validité d'un témoignage à charge contre Julien Coupat, mis en examen dans l'affaire des sabotages SNCF.
GAËL COGNÉ
Le témoin à charge dans l'affaire des sabotages SNCF est-il un mythomane? C'est la question que pose le site internet Mediapart qui affirme avoir retrouvé le témoin ayant déposé sous couvert d'anonymat contre Julien Coupat. L'homme nie être ce témoin.
Dans un rapport (déjà publié par le site d'information, en novembre) de la Sous direction antiterroriste (Sdat) et adressé au procureur Jean-Claude Marin, on apprenait l'existence de ce témoin. Selon lui, Julien Coupat aurait évoqué, «lors de réunions», «la possibilité d'avoir à tuer, précisant que la "vie humaine a une valeur inférieure au pouvoir politique" et que l'objectif final du groupe était le renversement de l'Etat».
Le père de Julien Coupat, Gérard, avait alors rétorqué que son fils «ne ferait pas de mal à une mouche».
Pour les policiers, ce témoignage «corroborait» leurs conclusions, à savoir qu'il existait «un groupe», formé «depuis 2002», «autour d'un leader charismatique», Julien Coupat, et ayant pris la dénomination de «Comité invisible, sous-section du parti imaginaire».
L'homme, désigné à Mediapart par «plusieurs sources policières et judiciaires» et rencontré par les auteurs de l'article, nie avoir témoigné. «Non, non, je ne suis pas celui qui a fait de la délation. Ce que vous dites là me fout des frissons.»
Le témoin, qui aurait fréquenté Coupat, s'était présenté spontanément à la gendarmerie. Toujours selon Mediapart, il «est réputé pour sa mythomanie. Il a d'ailleurs été condamné récemment par un tribunal de province pour "dénonciation d'infractions imaginaires"».
Le parquet a affirmé aux journalistes que le témoin sous X «est rapidement apparu peu crédible et qu'il a été tenu compte de ses "antécédents"». Pour les auteurs, les policiers de la Sdat auraient «imprudemment» cité ce témoignage afin d'illustrer la dangerosité du groupe et la nécessité d'une procédure antiterroriste. Contacté, le parquet a refusé de s'exprimer.
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Tarnac : un témoin à charge serait un "mythomane"
LEMONDE.FR
22.01.09
Le témoin qui accusait Julien Coupat, dans l'enquête sur les sabotages des lignes SNCF à grande vitesse, d'avoir eu des intentions meurtrières a été récemment condamné par un tribunal de province pour '"dénonciation d'infractions imaginaires'", révèle, jeudi 22 janvier, le site d'information Mediapart. L'homme avait témoigné à charge, sous le couvert de l'anonymat, contre Julien Coupat, l'une des neuf personnes interpellées à Tarnac (Corrèze), le 11 novembre. Présenté par l'accusation comme le "leader charismatique et idéologue" d'un groupe clandestin "anarcho-autonome", Julien Coupat a été mis en examen le 15 novembre pour "direction d'une entreprise terroriste" et "destructions en réunion". Il est le seul toujours maintenu en détention.
L'homme, "qui a été à plusieurs reprises en contact avec Julien Coupat ces dernières années", s'était spontanément manifesté auprès des forces de police, disant "avoir d'importantes révélations" à faire sur l'ancien étudiant en sociologie. Dans leur rapport de synthèse qui a servi de base au parquet de Paris pour ouvrir une information judiciaire pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", les policiers de la sous-direction antiterroriste affirment que "le témoin attestait de la proximité du nommé Julien Coupat avec le mouvement Black Block et de sa participation à de nombreuses manifestations violentes menées en marge de grandes rencontres politiques, mais précisait également qu'à plusieurs reprises lors de réunions, Julien Coupat avait évoqué la possibilité d'avoir à tuer, précisant que la vie humaine a une valeur inférieure au pouvoir politique et que l'objectif final du groupe était le renversement de l'Etat".
L'homme, que Mediapart a interrogé, conteste "formellement" être le témoin sous X... Le site précise que la justice aurait désormais pris ses distances avec ce témoin, le jugeant "marginal" et estimant qu'il n'a fait qu'apporter des "éléments de contexte", l'informateur n'ayant pas été le témoin direct d'acte de sabotage.
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www.arretsurimages.netPar Gilles Klein le 22/01/2009
Sous le titre : "Tarnac: le témoin à charge contre Coupat serait un mythomane" le site d'information Mediapart explique (accès payant) :
"L'information est à l'évidence embarrassante pour la justice et la police antiterroristes. Alors que de plus en plus de voix s'élèvent pour souligner les points faibles de l'enquête visant «le groupe de Tarnac», ces jeunes gens soupçonnés d'avoir commis des actes de sabotage visant des TGV, Mediapart est en mesure de révéler que l'homme qui a témoigné à charge, sous couvert d'anonymat, serait en fait un... mythomane." Le témoin accusait Juien Coupat d'avoir "évoqué la possibilité d'avoir à tuer" ce qui aurait pu justifier l'emploi du mot "terroriste" dans cette affaire.
Mais le reste de l'article vient contredire le début, puisque la "justice" semblait au courant de la faiblesse de ce témoignage qui s'est produit après les interpellations : "Sollicité par Mediapart, le parquet de Paris affirme que le témoin sous X – dont il n'est pas non plus pour l'instant démontré qu'il a menti concernant Coupat – est rapidement apparu peu crédible, et qu'il a été tenu compte de ses «antécédents». De fait, dans ses réquisitions devant la cour d'appel, lors de l'examen des différentes demandes de remises en liberté formées par les mis en examen, le ministère public a pris bien soin de ne pas évoquer les déclarations du témoin anonyme, qui ne sont mentionnées à aucun moment. Le juge Fragnoli lui-même ne s'est pas appuyé dessus lors de ses différents interrogatoires. Le parquet observe par ailleurs que ce témoignage est marginal dans le dossier, la preuve en étant qu'il a été recueilli alors que les gardes à vue étaient déjà entamées et donc, du point de vue policier, que la première phase de l'enquête était bouclée."