Salut les caniches !
La Cie des Faux-Fuyants présente une adaptation de "
la Ferme des Animaux" de George Abitbol Orwell, le
mercredi 16 décembre, 19h30 au
Théâtre Mansart, Dijonwww.faux-fuyants.fr5.5€ / 8€
Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête.Voici le début du livre VII de la République de Platon, dans lequel Socrate expose à Glaucon l'allégorie de la caverne. Thème abondamment utilisé dans la littérature pour traiter métaphoriquement de la connaissance, de l'éducation, de la réalité des choses, la caverne est aussi une allégorie du conditionnement des esprits. L'exercice du pouvoir, de l'autorité est précédé par la mise en place d'un attirail de séduction : par le langage, le corps, les idées reçues. Souvent, cet attirail est appuyé par tout un système de représentation qui se construit autour du besoin de changement : en son absence, le futur est dystopique, en sa présence, le meilleur des mondes s'ouvre à nous. Il ne s'agit pas là strictement du pouvoir politique, car toute sorte d'emprises peuvent s'exercer sur nous : la consommation, l'évasion, la reconnaissance des autres. Même si l'humanité connaît cette problématique depuis la nuit des temps, ce sera au XXe siècle que la littérature et les sciences humaines témoigneront le plus efficacement du conditionnement des esprits. Nous rappelons ainsi Le Meilleur des Monde d'Aldous Huxley, La Ferme des Animaux et 1984 de George Orwell, Neuromancien de William Gibson ou encore Simulacres et Simulations de Jean Baudrillard.
Nous avons choisi d'explorer dans le but d'une création théâtrale, La Ferme des Animaux de George Orwell, qui paraît être le plus simple d'accès parmi les titres sus-mentionnés. Mais au-delà de cette apparente accessibilité et simplicité, la complexité de la chose se révèle à nous dans la description clinique, même si parfois attachante, de la construction de toutes pièces d'un système totalitaire. Avec La Ferme, le lecteur commence les choses à zéro et, brique par brique,il voit se construire le mur de la caverne qui finira par emprisonner les êtres de cette nation en miniature. La Ferme des Animaux nous décrit l'Avant de l'Après dans lequel il est déjà trop tard ; l'Avant 1984, ou comment et pourquoi le monde en est arrivé là. En décryptant les rouages de la séduction de l'autorité, Orwell sort de la pure et simple satire des systèmes totalitaires de son époque, il nous offre le miroir du chemin que parcourt le comportement humain en situation de crise, cette route en brique jaune où chacun a un rôle distinct que la société lui a accordé, mais qui n'appartient pas à sa nature intrinsèque. Convenances, appellations, idées reçues, titres circulent dans tous les sens. Mais, un jour, ce mouvement brownien s'arrête et, pour la première fois, on voit.
Le théâtre est lui aussi une simulation, le simulacre de la « chair vivante et habillée », il doit toujours faire « comme si c'était vrai ». Avec La Ferme des Animaux, nous nous approprions la problématique de la représentation et du pouvoir. En sortant le thème du contexte strictement politique, nous voulons proposer aussi une réflexion sur le système de l'image, de la manipulation par les médias et par le message.