j'ai eu le droit en pv a
moi au conservatoire patati patata.;
tu parles d'un argument le conservatoire
les plus grands musiciens que je connais n'y sont jammais allé
Si ça peut te soulager, j'y suis allé, j'ai passé des années en conservatoire classique à apprendre un instrument "noble" (la clarinette), j'ai étudié l'harmonie, les dictées à 2 voix, le solfège, puis je suis passé à la batterie jazz en contexte free jazz/jazz-rock-prog (avec un prof batteur de jazz professionnel), puis j'ai définitivement tourné la page pour faire... de la musique ! Directement du punk, puis l'évolution naururelle vers l'electro-indus dans les années 80.
Et s'il y a un argument que je n'ai jamais utilisé et que je refuserai toujours d'accepter, c'est bien celui qui dénonce un style musical au nom d'une absence supposée de virtuosité technique, car ça n'a aucun intérêt de ne se focaliser que sur cet aspect : il existe, dans tous les styles de musique, d'excellentes compositions qui peuvent être très simples et ne faire aucun étalage de virtuosité. Inversement, la virtuosité pour la virtuosité est un piège à éviter et n'est pas particulièrement revendiquée, même dans des contextes jazz/classique.
Depuis quelques temps j'écoute du break-core, et autant de trip-hop, toujours de l'electro, de l'indus, de la tek, du hard core, de la drum, de l'ekectronica, mais pas en tant que "styles musicaux", car ça consisterait un enterrement de première classe pour mon cerveau et mes oreilles : plutôt des musiciens et/ou des DJ que je trouve intéressants au sein (ou à la marge) de tous ces styles. Mais dire "tel style est bien" ou tel style est bidon" n'apportera jamais rien à aucune discussion : c'est juste de la polémique vaine, même si c'est vrai que j'ai souvent tendance à dire que la tribe est une musique de dégénrés incultes à enfermer, que l'IDM est un style prétentieux, ou le hard-core souvent juste bon à bourinner sous kéta, mais bon, faut distinguer la provoc facile du raisonnement et de l'argumentation.
Le problème philosophique que pose cette discussion : Argumenter c'est organiser entre elles des prémisses valides et vérifiables pour en tirer des énoncés sous forme de propositions (véridictionnelles), propositions qui organisées entre elles formeront un raisonnement, un argument (qui dit les raisons pour lesquelles il est vrai). Le prototype de l'argumentation, c'est évidemment le syllogisme : socrate est un homme, tous les hommes sont mortels, donc Socrate est mortel. Bon, soit. Mais la question c'est de "raisonner" dans le domaine du jugement de goût... Est-ce simplement possible avec les instruments intellectuels dont l'être humain dispose ? A mon avis, non, il n'est pas possible de raisonner en termes de jugements de goûts, et c'est pas le pêre Kant qui me fera changer d'idée. Car un goût ne constitue qu'une prémisse induviduelle, privée, difficilement communiquable, et ne pouvant que difficilement servir à l'élaboration d'un raisonnement. C'est le problème de toute critique esthétique, qu'elle porte sur la musique, le cinéma ou n'importe quoi d'autre.
D'où mon désintérêt assez explicite pour les discussions portant sur la musique quand elles ne portent QUE sur la musique... Au mieux on peut dire "ouais, ton truc est super, j'aime ça parce que...", et on fait plaisir à l'auteur. Au pire on lui dit "c'est de la merde ce que tu fais", mais ça ne peut que signifier "je n'aime pas car...". Même en développant les "car" et les "parce que" du "j'aime-j'aime pas", on ne va jamais bien loin, du moins jamais beaucoup plus loin que l'exposé vain et ennuyeux de ses propres critères de goût, ce qui ne permettra jamais que... d'exposer ses goûts et de se contenter, sempiternellement, de dire, en fin de compte, "JE". MOI, JE. Voilà à quoi se résument 90% des discussions sur la musique, quand elles ne portent que sur l'esthétique : "MOI, JE". Onanisme et non argumentation ! De la pure masturbation, et rien de mieux ! MOI, JE...
D'où l'intérêt de faire un pas de côté, de se décentrer du contenu musical brut, et d'aborder la musique à partir des discours et des pratiques qu'elle génère, en abandonnant toute perspective critique. A moins, évidemment, d'en avoir un usage professionnel : la critique des magazines spécialisés, depuis la pop, le rock, le jazz, etc., se repaît de "MOI, JE" déguisés en arguments, parfois avec des atours pillés aux sciences humaines (je pense à l'abus de sémiologie dans la critique de cinéma), mais tout ça ne trompe pas les esprits vigilants : juste du "MOI, JE" de journaliste prétentieusement emballé dans une rhétorique vaguement universitaire et des effets d'autorité.
DONC ?Ben, heu, je laisse l'interprétation de tout cela à vos esprits éclairés...
+A+