Auteur Sujet: poésie portable promo librairie  (Lu 1287 fois)

konsstrukt

  • Vicomte des Abysses
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poésie portable promo librairie « le: novembre 26, 2013, 13:29:35 pm »
Salut les copains,
 
Comme la plupart d'entre vous, que je harcèle pas tous les moyens possibles sitôt que je pète un coup, le savent déjà, je viens de sortir chez l'indispensable Gros Textes un recueil qui s'appelle Poésie Portable, et pour le présenter au public je pars en tournée avec un groupe faire beaucoup de bruits dans des bars, des squats, des caves et une pizzéria (oui, oui).
 
Mais j'aimerais bien aussi faire une tournée de promo plus traditionnelle, à savoir poser mon cul dans une librairie, parler à des lecteurs que je n'aurais pas rendu sourd au préalable, signer des bouquins et peut-être en lire des extraits sans forcément 120 décibels d'indus-noise pour m'accompagner.
 
Seulement, je ne connais pour ainsi dire aucun libraire. Mes précédents bouquins étaient, ou bien en numérique, ou bien en autoproduction, ou bien trop tarés pour qu'un seul libraire ose les proposer. Du coup, je fais appel  à vous : si vous êtes libraires, ou copains de libraires, j'aimerais bien votre aide. Mon idée est simple : elle consiste à faire un petit tour de France début 2014 (disons après janvier mais avant avril, quoi), et aller visiter une quinzaine ou une vingtaine de librairies, qui auraient soit commandé quelques exemplaires de mon truc auprès de Gros Textes, soient me laisseraient vendre mes propres stocks, au choix, je suis souple et flexible tel le roseau ou le pénis de Cobra (qui, rappelez-vous, peut tirer dans les coins)
 
Voici le début du livre, pour que vous vous fassiez une petite idée de son contenu, et aussi un lien vers la page de l'éditeur qui lui est consacrée : http://grostextes.over-blog.com/2013/11/christophe-si%C3%A9bert.html
 


1


une vieille à l’air centenaire et fragile et coriace qui compte sa monnaie juste devant la boucherie arabe – un arbre victime d’un cancer bizarre qui lui donne l’air d’avoir fondu comme de la lave et coulé sous la chaussée avant de se figer à nouveau – un immeuble avec les terrasses en avant qui ressemble tout à fait à hal dans 2001 quand le cosmonaute a fini de le déconnecter – j’imagine les gens comme des neurones – c’est quelques exemples de la vie sans toi






2


ma vie est jalonnée de filles – violées de toutes les façons possibles et qui n’en sont ni détruites ni effarées – qui baisent et aiment sans problème – j’en suis aussi bien heureux qu’effrayé mais ce qui compte c’est que les filles : 1 et les violeurs : 0






3


dans le métro il y a des arabes en jogging qui crient – un curé en soutane qui se tait – un type qui écoute et ne rit pas du tout – un indien – un type qui apprécie enki bilal – des gens – en sortant du métro il y a du sang rouge clair – translucide sur le sol






4


mon petit plaisir aux dames chinoises comme aux passages piétons ça consiste à aboutir au camp opposé avant que l’adversaire ait joué son premier coup – certes c’est idiot – et pendant ce temps quelquefois dans la rue il y a des pigeons morts dont il ne reste que les ailes et un vide surnaturel à la place du corps






5


au quick de la défense on ne trouve pas de journaux culturels comme dans les autres quicks où j’ai été bouffer – mais des journaux où il est question de trouver du travail – et sur l’esplanade de la défense – j’ai vu plein d’êtres humains – et même des journalistes – mais pas un seul animal






6


les enfants qui gueulent derrière moi – survoltés – trente chiards que la bouffe n’anéantit pas du tout alors que moi une gorgée de rhum suffit à m’apaiser – en face moi du soleil et quelque arbres – la perspective joyeuse d’écrire quelques pages et de dormir peu – la pensée joyeuse que ma mère est morte – et que je vais sortir enfin la tête – hors de ce trou noir puant la merde – qu’est ma situation financière – une maison à moi – pleine de poussière – de poils de chiens qui puent la mort – et de fantômes qui feraient mieux – de bien fermer leurs gueules






7


dans ma tête je macère du matin au soir – quand quelqu’un m’en tire et me refait voir le monde – je me sens comme si j'étais une perruche en cage et que la couverture s’en va – de l’endroit où je suis je peux voir mes pensées et des arbres qui bougent agités par le vent






8


j’entends derrière moi le bruit de la bouilloire – par la fenêtre de la cuisine je vois les enfants qui entrent dans la cour de l’école – ils me font l’effet d’un film en vingt images secondes – j’ai sommeil et j’ai froid – je n’ai jamais bu autant de café – des pensées idiotes me viennent et puis disparaissent aussitôt – un peu comme le ballon avec quoi jouent les enfants






9


1 – maman est morte


2 – c’est beau la mer


3 – l’infirmière pleure


4 – pas moi


(l’étranger vs mylène farmer)






10


et je viens de comprendre que quand on place deux miroirs l’un contre l’autre face à face ils ne contiennent pas l’infini mais juste le néant contrairement à ce que je pensais quand j’étais un enfant






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dans le parc où j’écris mes conneries sur un ordinateur portable il y a tous les enfants qui jouent – ils sont au moins cinquante – tous ceux qui passent près de moi s’arrêtent de courir et de gueuler pour voir – ce qu’il y a sur l’écran – ils ne voient que du texte qui s’étale et s’étale et me regardent avec effarement et beaucoup de pitié






12


hier à paris c’était la nuit blanche il paraît – de la culture plein les rues et de la foule qui se presse – la fête de la culture comme la fête de la bière ou celle de la musique – j’ai profité de ça de la meilleure façon possible – pour la première fois depuis soixante jours j’ai dormi dix heures de rang – j’étais un caillou au fond de la rivière – je n’ai rêvé de rien – je n’ai rêvé de rien






13


dans le canal pas loin de la place stalingrad – des bouteilles vides flottent – soumises à toutes sortes d’énergies opposées elles sont immobiles et pile dans le tao – et dans ce même canal des canoës vont dans tous les sens – ils vont n’importe où et n’importe comment habités par des gens qui n’ont pas l’air de voir vers où leur vie pourrait aller – habités par des gens que le courant ballote – des gens au corps pesant bien plus lourd que leur âme






14


mes yeux brûlent – mon crâne fond – je peux mourir à montpellier – mais y vivre par contre – c’est bien trop dur pour moi






15


il est question aussi parce qu’on n’a pas le choix – d’ingurgiter le maléfice familier qui nous entoure – et ou bien d’en être dissous de l’intérieur – ou bien de le vomir sous une forme ou une autre qui serait de l’amour – nous sommes des fours philosophaux c’est à dire rien d’autre que des pots catalytiques doués de conscience – pauvres couillons donc – et même pas toujours efficaces

 
Voilà. Merci à vous de toute l'aide que vous pourriez m'apporter. Poésie Portable est un bouquin qui me tient vraiment à coeur, et je l'ai sorti chez un éditeur qui me tient également à coeur.
 
Christophe