Auteur Sujet: Islande la révolution  (Lu 5590 fois)

mescalibur

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Islande la révolution « le: mars 11, 2012, 13:09:01 pm »
Sans nouvelles d’Islande : Pourquoi ?
Si quelqu’un croit qu’il n’y a pas de censure actuellement, qu’il nous dise pourquoi on a tout su au sujet de ce qui se passe en Egypte et pourquoi les journaux n’ont absolument rien dit sur ce qui se passe en Islande :
En Islande,
- le peuple a fait démissionner un gouvernement au complet,
- les principales banques ont été nationalisées et il a été décidé de ne pas payer la dette qu’elles avaient contractée auprès de banques de Grande Bretagne et de Hollande, dette générée par leur mauvaise politique financière
- une assemblée populaire vient d’être créée pour réécrire la Constitution.
Et tout cela, pacifiquement.
Toute une révolution contre le pouvoir qui a conduit à cette crise.

Voilà pourquoi rien n’a été publié pendant deux ans :
Que se passerait-il si les citoyens européens en prenaient exemple ?

Brièvement, voici l’histoire des faits :
2008 : La principale banque du pays est nationalisée
La monnaie s’effondre, la bourse suspend son activité.
Le pays est en banqueroute.

2009 : Les protestations citoyennes contre le Parlement font que des élections anticipées sont convoquées et qu’elles provoquent la démission du Premier Ministre et, en bloc, de tout le gouvernement.
La situation économique désastreuse du pays persiste.
Par le biais d’une loi, il est proposé à la Grande Bretagne et  à la Hollande le remboursement de la dette par le paiement de 3.500 millions d’euros, montant que paieront mensuellement toutes les familles islandaises pendant les 15 prochaines années à un taux d’intérêt de 5%.

2010 : le peuple descend à nouveau dans la rue et demande que la loi soit soumise à référendum.
En janvier 2010, le Président refuse de ratifier cette loi et annonce qu’il y aura une consultation populaire.
En mars, le référendum a lieu et le NON au paiement de la dette remporte 93% des voix.
Pendant ce temps, le gouvernement a entamé une investigation pour régler juridiquement les responsabilités de la crise.
Les détentions de plusieurs banquiers et cadres supérieurs commencent.
Interpol lance une enquête et tous les banquiers impliqués quittent le pays.
Dans ce contexte de crise, une assemblée est élue pour rédiger une nouvelle Constitution qui reprend les leçons apprises de la crise et qui se substitue à l’actuelle qui est une copie de la constitution danoise.
Pour ce faire, on a recours directement au peuple souverain.
On élie 25 citoyens sans filiation politique parmi les 522 qui se sont présentés aux candidatures. Pour  cela, il faut être majeur et recueillir le soutien de 30 personnes.
L’assemblée constituante commence ses travaux en février 2011 afin de présenter,  en partant des avis collectés dans les diverses assemblées qui ont eu lieu dans tout le pays, un projet de Grande Charte.
Elle doit être approuvée par l’actuel parlement ainsi que par celui qui sera constitué après les prochaines élections législatives.

Voici, en bref, l’histoire de la Révolution Islandaise :
Démission en bloc de tout un gouvernement
Nationalisation de la banque
Référendum pour que le peuple puisse se prononcer sur les décisions économiques fondamentales
emprisonnement des responsables de la crise et
réécriture de la constitution par les citoyens
Nous a-t-on parlé de cela dans les médias européens ?
En a-t-on parlé dans les débats politiques radiophoniques ?
A-t-on vu des images de ces faits à la TV ?
Bien sûr que non !
Le peuple islandais a su donner une leçon à toute l’Europe en affrontant le système et en donnant une leçon de démocratie au reste du monde.

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 HYPERLINK "http://www.assemblee-constituante.fr/index.php/post/2012/01/16/Nouvelles-islandaises" http://www.assemblee-constituante.fr/index.php/post/2012/01/16/Nouvelles-islandaises

Kildren

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Re : Islande la révolution « Réponse #1 le: mars 11, 2012, 14:13:48 pm »
Et en plus ils ont des super piscine géante d'eau chaude même quand il fait -10. http://live.mila.is/english/lonid/

Et des poney.

Horse Love

Et surement pleins d'autres trucs super cool. Les salauds.

André Sanfrappé

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Re : Islande la révolution « Réponse #2 le: mars 11, 2012, 17:02:23 pm »
J'étais en islande l'année dernière et je n'ai rien vu de tout cela.
en islande ils sont 300 000, rien n'est comparable

cut and paste du résumé d'ASI sur l'islande
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3763

Comment un pays se retrouve-t-il en faillite ? C'est la question que se posent les observateurs en regardant l'Islande, qui, en octobre 2008 s'est retrouvée quasiment du jour en lendemain sans "argent frais". La réponse, explique Guillaume Duval, est à chercher dans "la taille totalement démesurée du système financier" de l'époque : ce pays de 320 000 habitants, avait contracté "une dette vis-à-vis de l'extérieur équivalant à six fois le PIB", notamment parce que les banques islandaises avaient proposé aux épargnants néerlandais et britanniques de déposer leur argent chez elles. Résultat, le pays a été l'un des premiers à être mal jugé par les marchés financiers quand la crise financière a frappé, et n'a plus eu les moyens d'emprunter de l'argent. Les banques ont fait faillite, l'Etat islandais ne les a pas sauvées, en leur laissant leurs pertes et en se contentant de garantir à ses citoyens qu'ils ne perdraient pas leur épargne. La Bourse et la monnaie ont ensuite lourdement chuté.

Alain Lipietz partage le constat, mais tient à préciser, "en tant que responsable au Parlement européen des affaires de régulation financière" que, vu le niveau de leur activité à l'étranger, ces "banques islandaises" pouvaient aussi bien être qualifiées de "banques européennes qui avaient leur siège social en Islande de façon à échapper peu ou prou à la régulation européenne." En effet, étant seulement membre de l'espace Schengen en non membre de l'Union, le pays était, de fait, moins surveillé dans ses activités bancaires. (acte 2)

Pour savoir si l'Islande mène une révolution, encore faut-il savoir ce qu'est une révolution. Pour éclairer le débat à sa manière, Anne-Sophie s'est assigné la lourde tâche d'en dévoiler l'origine étymologique. Ce qu'il s'est passé début 2009 dans les rues de Reykjavik ne correspond peut-être pas exactement à sa définition, mais les Islandais eux-mêmes l'ont nommé "révolution des casseroles" : chaque samedi, durant des semaines, ils ont manifesté avec tous les instruments bruyants à portée, contre les dirigeants économiques et politiques qui les avaient menés dans l'impasse. Obtenant, ce n'est pas rien, la démission du gouvernement de centre-droit fin janvier, et l'élection des sociaux-démocrates et des Verts en avril 2009. Michel Sallé tempère néanmoins la belle image du peuple de gauche qui se soulève : "Ceux qui habitent Reykjavik sont des bourgeois, explique-t-il, et ils ne pouvaient plus payer les prêts pour leur maison et leur voiture. C'est pour cela qu'ils ont manifesté." Et aussi "parce que le samedi, de toute façon, il n'y a pas grand-chose à faire d'autre" !

Et qu'en est-il, alors, des citoyens qui ont obtenu de se prononcer par référendum sur la question très délicate de l'accord Icesave ? De quoi s'agit-il ? D'une loi stipulant que l'Islande s'engageait à rembourser plusieurs milliards d'euros à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, au taux très élevé de 5,5%. Car lorsque les banques islandaises ont fait faillite, le gouvernement n'a pas remboursé les 400 000 épargnants anglais et néerlandais qui détenaient des comptes dans ces banques, et notamment dans une de leur filiale internet, Icesave. Ce sont donc la Grande-Bretagne et la Hollande qui ont mis la main à la poche… avant d'envoyer la note aux Islandais ! Et ce, de façon totalement illégale, soutient Lipietz. Finalement, en mars 2010, le pays rejette à 93 % l'accord. Certes, mais, remarquent en chœur nos invités, cela n'a été possible que parce que le président de la République, sans en avertir personne, avait d'abord refusé de promulguer la loi Icesave. Pourquoi ? La raison n'est pas claire, et Sallé et Lipietz débattent de savoir si le Président est de droite ou de gauche… (acte 3)

Aujourd'hui, un nouvel accord est en passe d'être trouvé entre l'Islande, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. Les termes en sont plus acceptables : le taux d'intérêt est descendu à 3,1 %, et, amélioration économique mondiale aidant, les actifs d'Icesave valent plus qu'il y a deux ans et leur vente devrait éponger une bonne partie des dettes. Merci à l'entêtement populaire, donc ? C'est l'avis de Duval, qui souligne l'importance de l'épisode : la Grèce et l'Irlande ont elles aussi obtenu des prêts (de l'Union européenne) à des taux très défavorables. Or, souligne Duval, "ça empêche les Irlandais et les Grecs de réduire leur dette, ça les empêche probablement de la rembourser un jour et ça a comme conséquence de continuer à inquiéter tout le monde, et à juste titre, sur l'avenir de l'Europe. C'est une question qu'il va falloir régler".

Daniel s'interroge : l'exemple islandais est-il transposable, les Grecs et les Irlandais peuvent-ils facilement exiger de renégocier les prêts ? Lipietz ne le pense pas. La Grèce et l'Irlande ont obtenu des prêts suite à des accords officiels avec l'UE, alors que la Grande-Bretagne et les Pays-Bas avaient décidé unilatéralement que l'Islande devait les rembourser, sans qu'on sache bien s'il existait des bases légales… "Une manifestation qui dit : "Je ne paye pas" à des créanciers qui n'ont pas de titres… on finit par transiger", résume-t-il. Et ne ratez surtout pas comment, dans le feu de la démonstration, il raconte ses échanges avec son "ancien collègue de bureau" Dominique Strauss-Kahn. (acte 4)

Dernier point largement mis en avant dans les message vantant l'activité politique islandaise : l'écriture d'une nouvelle Constitution. En novembre 2010, les Islandais ont choisi 25 simples citoyens pour remettre à plat leur texte fondamental. Mais Michel Sallé risque de "décevoir", puisqu'il précise que, pour l'heure, le processus a été stoppé par la Cour suprême, qui a détecté des irrégularités dans le vote. Et d'autre part, souligne-t-il, "cette idée de Constituante est née dans le cerveau du président du parti du progrès, le parti de droite, hyper démagogue, qui a voulu saisir la voix du peuple, en espérant en faire son fromage électoral"…

Reste encore à évoquer l'Initiative islandaise pour la modernisation des médias, texte voté en juin par le Parlement pour affirmer que le pays devient un refuge pour les journalistes et la liberté de la presse. Mais alors que Lipietz y voit une "sorte de synthèse entre le récent passé ultralibéral de l'île et son vieux fond démocrate protestant", Sallé, lui, y perçoit surtout l'envie des Islandais "de faire parler d'eux" ! Débat ou pas, c'est le thème qu'a choisi la Parisienne libérée pour terminer l'émission en chanson. (acte 5)

weroz

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Re : Islande la révolution « Réponse #3 le: mars 11, 2012, 19:28:18 pm »
ça ressort depuis quinze jours, mais je ne trouve pas d'infos fraîches sur le sujet.

apparemment l’Islande exerce sa souveraineté sur son territoire, ça nous semble révolutionnaire parce que dans nos contrées européennes c'est à coup sûr être mis au ban des nations avec les grecs, ça serait comme perdre 10 fois notre triple A, la presse en ferait un malaise et l'embargo menacerait notre pays. remarquez, ça serait peut-être pas plus mal.

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lexan

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Re : Islande la révolution « Réponse #4 le: mars 11, 2012, 22:52:10 pm »
Comme quoi le capitalisme n'est qu'un jeux de type monopoly, tous le monde peux choisir d’arrêter de jouer ça n’empêche pas de vivre.

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Re : Islande la révolution « Réponse #5 le: mars 12, 2012, 13:00:37 pm »
la métaphore est intéressante

http://laregledujeu.org/la-regle-du-jeu/
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Re : Islande « Réponse #6 le: mars 17, 2012, 23:02:58 pm »
http://www.zerohedge.com/news/iceland-financial-renaissance-miracle-continues

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Congratulations Iceland. We can only hope even one other country had the testicular fortitude to follow in your footsteps and realize that all hollow threats of mutual assured destruction if one dares to turn their back on the banking supercabal, are just that. Hollow.
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Alain Deschodt

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les observateurs de l'ONU vs le quatrième âge « Réponse #7 le: juin 08, 2012, 02:22:19 am »
<--- voilà des Islandais, ils sont repoussants ! smiley7
En France, les chômeurs exploitent les patrons

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Islande la màj « Réponse #8 le: octobre 24, 2012, 09:10:06 am »
L’Islande et le refus de l’austérité
par Salim Lamrani


18 octobre 2012

Citer


L’Union européenne fait aujourd’hui le choix de l’austérité face à la crise économique mais se lance en même temps dans le sauvetage — avec des fonds publics — des banques privées qui auraient dû faire faillite à cause de leur mauvaise gestion. Est-ce vraiment la seule solution viable ? Salim Lamrani se penche sur le cas de l’Islande, un exemple que les médias et les apprentis sorciers de la finance européenne préfèrent passer sous silence.


Face à la crise économique, alors que l’Union européenne a choisi la voie de l’austérité et a décidé de sauver les banques, l’Islande a au contraire procédé à la nationalisation des institutions financières et a rejeté les politiques de restrictions budgétaires. Avec un taux de croissance de 2,7% en 2012, même le Fonds monétaire international (FMI) salue le redressement économique du pays.

Lorsqu’en septembre 2008, la crise économique et financière a touché l’Islande, petit archipel du Nord de l’Europe peuplé de 320 000 habitants, l’impact a été désastreux, comme sur le reste du continent. La spéculation financière a conduit les trois principales banques à la faillite, dont les actifs représentaient une somme dix fois supérieure au PIB de la nation, avec une perte nette de 85 milliards de dollars. Le taux de chômage a été multiplié par 9 entre 2008 et 2010, alors que le pays jouissait auparavant du plein emploi. La dette de l’Islande représentait 900% du PIB et la monnaie nationale avait été dévaluée de 80% par rapport à l’euro. Le pays s’est retrouvé plongé dans une profonde récession, avec un recul du PIB de 11% en deux ans [1].

Face à la crise

En 2009, lorsque le gouvernement a voulu appliquer les mesures d’austérité exigées par le FMI, en échange d’une aide financière de 2,1 milliards d’euros, une forte mobilisation populaire l’a contraint à la démission. Lors des élections anticipées, la gauche a remporté la majorité absolue au Parlement [2].

Le nouveau pouvoir a néanmoins fait adopter la loi Icesave – du nom de la banque en ligne privée qui a fait faillite et dont les épargnants étaient en majorité hollandais et britanniques – afin de rembourser les clients étrangers. Cette législation contraignait l’ensemble des Islandais à rembourser une dette de 3,5 milliards d’euros (40% du PIB) – 9000 euros par habitant – sur 15 ans à un taux de 5%. Face aux nouvelles protestations populaires, le Président a refusé de ratifier le texte parlementaire et l’a soumis à référendum. En mars 2010, 93% des Islandais ont rejeté la loi sur le remboursement des pertes causées par Icesave. Soumise une nouvelle fois à référendum en avril 2011, elle a de nouveau été massivement rejetée à 63% [3].

Une nouvelle Constitution, rédigée par une Assemblée constituante de 25 citoyens élus au suffrage universel parmi 522 candidats et composée de 9 chapitres et de 114 articles, a été adoptée en 2011. Celle-ci prévoit un droit à l’information, avec un accès public pour les documents officiels (article 15), la création d’un Comité de contrôle de la responsabilité du gouvernement (article 63), un droit à la consultation directe (article 65) – 10% des électeurs peuvent demander un référendum sur des lois votées par le Parlement –, ainsi que la nomination du Premier ministre par le Parlement [4].

Ainsi, contrairement aux autres nations de l’Union européenne dans la même situation, qui ont appliqué à la lettre les recommandations du FMI exigeant l’application de mesures d’une austérité sévère – comme en Grèce, en Irlande, en Italie ou en Espagne –, l’Islande a choisi une voie alternative. Lorsqu’en 2008, les trois principales banques du pays, Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing se sont effondrées, l’État islandais a refusé d’y injecter des fonds publics, comme dans le reste de l’Europe. Il a au contraire procédé à leur nationalisation [5].

De la même manière, les banques privées ont été contraintes d’annuler toutes les créances à taux variable dépassant 110% de la valeur des biens immobiliers, évitant ainsi une crise de subprimes comme celle des États-Unis. Par ailleurs, la Cour suprême a déclaré illégaux tous les prêts indexés sur des devises étrangères qui ont été octroyés à des particuliers, obligeant ainsi les banques à renoncer à ces créances, au bénéfice de la population [6].

Accusé de négligence dans la gestion de la crise financière, l’ex-Premier ministre islandais Geir Haarde a été déclaré coupable, en avril 2012, par un tribunal spécial qui n’a retenu aucune sanction à son encontre. Quant aux responsables du désastre – les banquiers spéculateurs qui ont provoqué l’effondrement du système financier islandais –, ils n’ont pas bénéficié de la mansuétude en vogue à leur égard dans le reste de l’Europe où ils ont été systématiquement absous. En Islande, ils ont été poursuivis par la justice et mis en prison, par Olafur Thor Hauksson, procureur spécial nommé par le Parlement. Même le Premier ministre Geir Haarde, accusé de négligence dans la gestion de la crise, n’a pu éviter un procès [7].

Une alternative à l’austérité

Les résultats de la politique économique et sociale islandaise ont été spectaculaires. Alors que l’Union européenne se trouve en pleine récession, l’Islande a bénéficié d’un taux de croissance de 2,1% en 2011 et prévoit un taux de 2,7% pour 2012, et un taux de chômage oscillant autour de 6% [8]. Le pays s’est même offert le luxe de procéder au remboursement anticipé de ses dettes auprès du FMI [9].

Le président islandais Olafur Grímsson a expliqué ce miracle économique : « La différence est qu’en Islande, nous avons laissé les banques faire faillite. C’était des institutions privées. Nous n’y avons pas injecté de l’argent pour les maintenir à flot. L’État n’a pas à assumer cette responsabilité. » [10]

Contre toute attente, le FMI a salué la politique du gouvernement islandais – qui a appliqué des mesures aux antipodes de celles qu’il préconise –, une politique qui a permis de préserver « le précieux modèle nordique de protection sociale ». En effet, l’Islande dispose d’un indice de développement humain assez élevé. « Le FMI déclare que le plan de sauvetage à la manière Islandaise fournit des leçons pour les temps de crise. » L’institution ajoute que « le fait que l’Islande soit parvenue à préserver le bien-être social des ménages et obtenir une consolidation fiscale de grande ampleur est l’une des plus grandes réussites du programme et du gouvernement islandais ». Le FMI a néanmoins omis de préciser que ces résultats ont été possibles uniquement parce que l’Islande a rejeté sa thérapie de choc néolibérale et a mis en place un plan de relance alternatif et efficace [11].

Le cas de l’Islande démontre qu’il existe une alternative crédible aux politiques d’austérité appliquées à travers l’Europe. Celles-ci, en plus d’être économiquement inefficaces, sont politiquement coûteuses et socialement insoutenables. En choisissant de placer l’intérêt général au-dessus de celui des marchés, l’Islande montre la voie au reste du continent pour sortir de l’impasse.

Notes

[1] Paul M. Poulsen, « Comment l’Islande, naguère au bord du gouffre, a pu se rétablir », Fond monétaire international, 26 octobre 2011. Site consulté le 11 septembre 2012.

[2] Marie-Joëlle Gros, « Islande : la reprise a une sale dette », Libération, 15 avril 2012.

[3] Comité d’annulation de la dette du Tiers-monde, « Quand l’Islande réinvente la démocratie », 4 décembre 2010.

[4] Constitution de l’Islande, 29 juillet 2011. Site consulté le 11 septembre 2012.

[5] Antoine Grenapin, « Comment l’Islande est sortie de l’enfer », Le Point, 27 février 2012.

[6] Marie-Joëlle Gros, « Islande : la reprise a une sale dette », op. cit.

[7] Caroline Bruneau, « Crise islandaise : l’ex-premier ministre n’est pas sanctionné », 13 mai 2012.

[8] Ambrose Evans-Pritchard, « Iceland Wins in the End », The Daily Telegraph, 28 novembre 2011.

[9] Le Figaro, « L’Islande a déjà remboursé le FMI », 16 mars 2012.

[10] Ambrose Evans-Pritchard, « Iceland Offers Risky Temptation for Ireland as Recession Ends », The Daily Telegraph, 8 décembre 2010.

[11] Omar R. Valdimarsson, « IMF Says Bailout Iceland-Style Hold Lessons in Crisis Times », Business Week, 13 août 2012.

http://www.voltairenet.org/article176291.html

Salim Lamrani: Enseignant, chargé de cours aux universités Paris-Descartes et Paris-Est Marne-la-Vallée. Dernier ouvrage publié en français : Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (Estrella, 2009).
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weroz

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Re : Islande la révolution « Réponse #9 le: janvier 15, 2013, 12:36:08 pm »
Islande, les suites politiques

"Les Islandais, qui furent les premiers touchés par la crise de 2008, ont su résister quelques temps, refusant par deux fois de payer pour l’irresponsabilité des banques, et faisant démissionner leur gouvernement. Néanmoins, la solidarité remarquable dont ont fait preuve les citoyens quand leurs finances étaient en grave danger, s’est progressivement éteinte quand il a fallu participer à l’élaboration de la nouvelle Constitution."

Citer
Islande : chronique d’une révolution avortée
le 15 janvier, 2013 dans Démocratie, Economie / Crise par Yohan De Doncker

À l’heure où les politiques d’austérité, fruits d’une crise bien mal nommée, s’étendent sur les territoires de l’Union Européenne, la blogosphère dissidente en quête de révolte citoyenne s’enthousiasme un brin pressée sur le cas particulier des Islandais.

Des partisans de la Démocratie directe, aux défenseurs d’un État fort et centralisé, personne ne pouvait être insensible aux appels de phare récurrents nous indiquant que là-bas, en terre de glace, une révolution citoyenne, allant jusqu’à instaurer une assemblée populaire pour rédiger une nouvelle Constitution, aurait fait plier les banques responsables de la crise et le gouvernement corrompu du pays.

Généalogie d’une crise

La libéralisation de l’économie islandaise débuta en 1994 quand celle-ci accéda à l’Espace Économique Européen qui imposait la libre circulation des capitaux, des biens, des services et des personnes. Le gouvernement David Oddsson se lança alors dans un programme de vente des actifs de l’État et de dérégulation du marché du travail. La privatisation du secteur financier commença en 1998, et très vite l‘Islande se retrouva emportée par le souffle triomphant d’une finance internationale dopée aux crédits bon marché. Les trois principales banques du pays (Landsbanki, Kaupthing et Glitnir) se hissèrent même parmi les trois cents plus importantes banques du monde, leurs actifs passant de 100 % du produit intérieur brut (PIB) en 2000 à plus de 800 % en 2007 – un niveau que seule la Suisse dépassait… Le très influent Wall Street Journal déclara alors que : « les initiatives libérales d’Oddsson sont la plus formidable réussite du monde ».

Ainsi, en 2007, le revenu moyen islandais s’établit au cinquième rang mondial, devançant celui des États-Unis de 60%. Mais parallèlement ces mêmes ménages furent endettés à près de 250 %… Un an plus tôt, une étude internationale classa la population de l’île comme la plus heureuse de la planète… Ou quand le bonheur semblait aussi simple qu’un crédit !

Mais patatras ! Le 29 septembre 2008 l’économie mondiale chuta brutalement après la faillite de Lehman Brothers. Deux semaine plus tard les établissements bancaires islandais suivirent la dégringolade sans fond, contraignant alors le gouvernement à re-nationaliser les trois premières banques du pays, pour un coût estimé à 80% du PIB… La couronne islandaise perdit alors 60 % de sa valeur. Les prêts immobiliers et autres crédits à la consommation étant indexés sur l’euro, le dollar ou bien la Livre Sterling, les islandais virent leurs remboursements mensuels doubler, voir tripler : l’Islande était en faillite.

Faillite, FMI, et la « Révolution des Casseroles »

Le FMI arriva aussitôt au chevet du malade en lui apportant une aide de plus de 2 milliards d’euros,   en contrepartie de mesures dites « d’ajustement« , et du dédommagement des épargnants étrangers de la filiale de Landsbanki : Icesave.

La banque en ligne Icesave comptait quelques 230 000 clients au Royaume-Uni, et plus de 100 000 clients aux Pays-Bas. Or Reykjavik avait garanti les avoirs islandais, mais pas ceux des épargnants étrangers. Donc en réponse, le premier ministre britanique Gordon Brown gela les actifs de Icesave en Grande-Bretagne, et plaça l’Islande sur la liste des États terroristes ! La crise économique prit donc la forme d’une crise diplomatique quand La Haye et Londres, dès octobre 2008, exigèrent la restitution des quelques 5 milliards d’euros de dépôt de leurs citoyens.

C’est à ce moment là que la « Révolution des Casseroles » commença à faire du bruit. La population, refusant de se soumettre aux injonctions du FMI et d’assumer à elle seule la banqueroute des banques, se mobilisa par milliers en se retrouvant tous les samedis pour manifester autour du Parlement. Ces citoyens réclamèrent haut et fort la démission du gouvernement jugé responsable de la faillite du pays, ainsi que celle du directeur de la Banque Centrale (Un certain David Oddsson, ancien premier ministre démissionnaire en 2005 pour bénéficier de ce poste).

Ainsi, le 23 janvier 2009, le premier ministre Geir Haarde et toute son équipe démissionnèrent. Le 25 avril, des élections législatives anticipées, auxquelles 85% des électeurs prirent part, plébiscitèrent un nouveau gouvernement réunissant les sociaux-démocrates et les écologistes de gauche. La population pensa enfin que ses velléités seraient écoutées. Mais ce nouveau pouvoir exécutif continua d’accepter les conseils du FMI : le Parlement ratifia un premier accord « Icesave » qui prévoyait le paiement par l’État islandais de 4 milliards d’euros, avec un taux d’intérêt de 5,5% sur 15 ans… Le peuple redescendit dans la rue et demanda que la loi fût soumise à référendum.

Janvier 2010 : le Président Olafur Ragnar, auquel la constitution de 1944 donne pourtant très peu de pouvoir, refusa de ratifier cette loi et annonça qu’il y aurait une consultation populaire. En mars un référendum eut lieu, 60 % des électeurs se déplacèrent, et le Non au paiement de la dette de Icesave l’emporta par 93% des voix.

Un nouvel arrangement fut ensuite trouvé entre Londres et La Haye, mais en Avril 2011 les citoyens opposèrent leur veto par un nouveau Non à un second référendum.

La Constituante

Durant ces années de forte crise on a vu comment la population islandaise avait su se mobiliser contre les décisions prises par leurs représentants. Mais malheureusement, cet élan émancipateur s’est quelque peu essoufflé, à l’image de la Constituante tant vantée sur la blogosphère.

En effet, quand en avril 2009 la coalition de gauche et d’écologistes prit le pouvoir, elle engagea un processus pour réformer la constitution datant de 1944. Une Assemblée Constituante fut convoquée. Tous les citoyens de dix-huit ans révolus, soutenus par au moins trente personnes pouvaient être candidats, à l’exception des parlementaires. Le 27 novembre 2010, 25 candidats sur 522 furent élus, mais la démarche n’aura finalement mobilisé que 36% des électeurs…

De plus, le 25 janvier 2011, la Cour suprême invalida les résultats de l’élection de l’Assemblée constitutionnelle. Et comme un pied de nez aux revendications populaires, c’est le Parlement qui fut alors mandaté pour désigner les rédacteurs de la nouvelle constitution, élisant ainsi : 5 profs d’Université, 4 journalistes et présentateurs télé, 3 médecins, 2 mathématiciens, 2 directeurs de musée, 1 manager, 1 pasteur, 1 directeur de théâtre, 1 chef d’entreprise, 1 président de syndicat, 1 juriste, 1 porte-parole d’association de consommateurs, 1 fermier, et 1 étudiant !

Loin de représenter fidèlement la population de l’île, cette Constituante n’aura engendré que peu de débat. En effet, seulement 3 600 commentaires et 370 propositions, ont alimenté le processus via la « e-participation », soit respectivement 1,1% et 0,12% d’une population islandaise qui compte 320 000 habitants…

Conclusion

Les Islandais, qui furent les premiers touchés par la crise de 2008, ont su résister quelques temps, refusant par deux fois de payer pour l’irresponsabilité des banques, et faisant démissionner leur gouvernement. Néanmoins, la solidarité remarquable dont ont fait preuve les citoyens quand leurs finances étaient en grave danger, s’est progressivement éteinte quand il a fallu participer à l’élaboration de la nouvelle Constitution. Celle-ci devait pérenniser l’intervention citoyenne, avec notamment un rôle accru au recours référendaire. Elle devait aussi définir la responsabilité pénale des membres du gouvernement ainsi que la transparence et la pluralité des médias, affirmant plusieurs droits fondamentaux et incluant l’appropriation publique des ressources naturelles. Elle fut d’ailleurs largement approuvé par la faible quantité d’électeurs venus se prononcer en octobre 2012 (49,8% de participation).

De plus le résultat de ce référendum ne peut s’imposer aux parlementaires islandais, ces derniers restent donc les seuls maîtres du processus… En effet, pour que le texte constitutionnel soit adopté, il doit être voté deux fois : une première par le Parlement actuel, et une autre par le Parlement issu de la prochaine élection législative, prévue en avril 2013…

Ainsi, force est de constater que les affaires politiques sont encore largement entre les mains des partis traditionnels, et que les revendications radicales pour une véritable société démocratique ont été largement dissoutes. D’ailleurs, les faibles taux de participation à l’élaboration de la nouvelle constitution et à son vote référendaire incarner malheureusement une désillusion progressive des citoyens, qui, il y a encore quelques temps encerclaient le Parlement en frappant fièrement sur leurs casseroles. Il semble donc, assurément, que pour se débarrasser de nos voleurs de pouvoirs, il faille être bien plus radical que nos amis islandais.

À noter que l’Islande avait entamé des négociations en 2009 en vue de son adhésion future à l’Union européenne… Celles-ci ont été suspendues hier (14 janvier 2013) dans la perspective des élections législatives d’avril qui pourraient amener au pouvoir un gouvernement eurosceptique, à l’image des récents sondages d’opinion qui révèlent que la population voterait majoritairement contre une entrée dans le sérail de l’Union.

http://diktacratie.com/islande-chronique-dune-revolution-avortee/
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pilami

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