Auteur Sujet: holocauste - roman à suivre  (Lu 14494 fois)

cindy cenobyte

  • Velextrut sarcoma
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holocauste - roman à suivre « Réponse #15 le: novembre 24, 2008, 20:35:22 pm »
smiley5  Tu as raison, faire des trous dans les ressources humaines de la RATP ce n' est pas pareil
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konsstrukt

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holocauste - roman à suivre « Réponse #16 le: novembre 25, 2008, 08:28:13 am »
rhooo, mais c'était une erreur ! alors toi tu ne te trompes jamais ?

Alain Deschodt

  • Velextrut sarcoma
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Jean Paulhan nu « Réponse #17 le: novembre 27, 2008, 09:37:45 am »
Pas mal ce récit, t'as le pied sur l'accélérateur, ça va être chaud de tenir la distance, bon courage en tout cas, ça me botte bien pour le moment !!  smiley4
En France, les chômeurs exploitent les patrons

konsstrukt

  • Vicomte des Abysses
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holocauste - roman à suivre « Réponse #18 le: décembre 01, 2008, 08:25:10 am »
(merci, au fait - désolé, j'avais cru que j'avais dejà répondu)

***

photos : patrice dantard – http://daslook.com



19 juin

Le chien était un épagneul de couleur beige, âgé de trois ou quatre ans, tatoué, qui s’appelait Crapule. Il portait un collier bleu vif. Une capsule de laiton y était accrochée, enfermant des informations à son propos. Il passa par le portail ouvert et pénétra dans la propriété. Il trottina dans le jardin jusqu’à la maison, flairant la piscine au passage. Les oiseaux venaient y boire et les insectes morts faisaient comme des grains de poussière à la surface. Il poussa du museau la porte d’entrée entrebaillée. Il se rendit d’abord à la cuisine. Il renifla la gamelle. Des mouches s’éloignèrent. Elle contenait une pâtée très odorante. Il se détourna et lapa un peu d’eau sale dans un bol ébréché. Il s’intéressa ensuite à la poubelle. Il promena sa truffe sur le couvercle de plastique jaune et le gratta. Il racla avec une insistance croissante. La poubelle tomba, s’ouvrit et déversa une partie des ordures qu’elle contenait. Le chien recula, huma deux ou trois fois, s’approcha du tas. Il mangea les restes de nourriture.
Son repas terminé, il quitta la villa pour chier près d’une Renault 21 couleur prune et pisser contre sa roue avant gauche. Il alla jusqu’au garage et s’endormit au pied d’un buisson.





La maladie avait frappé partout, très vite, sans épargner les gouvernements ni les administrations. Les survivants étaient dépassés. Il n’existait aucun plan. Personne n’avait prévu une catastrophe de cette ampleur. Il n’y avait aucune directive. D’une manière générale l’armée prit le pouvoir partout où il y avait un pouvoir à prendre. Très peu d’endroit au monde dérogèrent. Les soldats mourraient en masse comme tout le monde mais les appareils militaires parvenaient à faire face. Des jeunes gens s’engageaient, motivés par la perte d’une famille et le désir de trouver une issue au cataclysme, qui venaient renouveler les effectifs pour un temps, avant de disparaître à leur tour et être remplacés par d’autres. L’armée organisa partout le ramassage des cadavres et leur crémation, souvent en collaboration avec ce qui restait des autorités civiles. Les soldats recrutaient beaucoup à cette occasion. Des veufs, des orphelins. Le pillage, le viol et le meurtre devinrent la routine, un exutoire normal à l’horreur de la tâche.

Le camion numéro 69-134 diffusait les informations et distribuait les sacs dans le troisième arrondissement de Lyon. Dans chaque ville importante les sacs étaient fabriqués par une unité de volontaires sur le modèle des sacs de morgue. Après chaque transport ils étaient désinfectés et réutilisés. La procédure était simple. Il fallait marquer à la craie sur chaque porte d’immeuble ou de maison le nombre de sacs nécessaires. Les corps devaient être emballés individuellement, avec leur nom indiqué sur l’étiquette prévue à cet usage. On déposait les paquets dans la rue, ainsi protégés du pillage et des animaux, en attendant que les camions de ramassage puissent les emporter au crématoire. Les rues et les maisons étaient en réalité jonchées de cadavres abandonnés. Les chiens et les chats errants dévoraient les plus frais. Les rats charognaient en bande. Il n’y avait plus que l’odeur de la chair morte. La distribution de sacs était un geste inutile qui concernait moins d’un mort sur dix, accompli par acquit de conscience.
L’équipage du 69-134 se composait du sergent Frank Valadon, du caporal Joseph Dubourg et des soldats Roger Hourtic et Damien Degard, dit Dédé. Frank Valadon, vingt-trois ans, était responsable du camion et le conduisait. Il avait attrapé la maladie et y avait survécu. Sa peau était jaunâtre, tendue et vérolée. Il était sourd d’une oreille et avait maigri de quinze kilos. Ses yeux étaient creusés et son visage épousait la forme de son crâne. Joseph Dubourg s’occupait de la diffusion des messages. Il était âgé de cinquante-deux ans, avait des cheveux gris acier, des yeux bleus perçant et une carrure de rugbyman. Toute sa famille était morte mais il n’avait pas été atteint. Roger Hourtic avait quarante-huit ans. Il était marié depuis vingt-quatre ans. Il n’avait aucune nouvelle de ses enfants qui étudiaient à Paris, sa femme était morte, il avait survécu à la maladie. A cause d’une infection il avait perdu ses dents, un œil et un bras. Il ne pouvait plus chier. Il pompait sa merde à l’aide d’un appareil. Damien Degard, trente ans, était d’origine Portugaise. Il était petit, sec et mat. Son arrière grand-père s’appelait Delgado mais le nom de famille avait été francisé à la génération suivante. La maladie ne l’avait pas touché. Roger et Damien étaient chargés de la distribution des sacs et de la sécurité du camion. Ils ne se séparaient jamais de leurs armes même si la raréfection des munitions restreignait leur emploi.
Ils se parlaient peu. Ils accomplissaient leurs tâches de manière mécanique, dans une hébétude et un épuisement partagés par les survivants qu’ils croisaient. Survivants et militaires se haïssaient mutuellement, sans doute à cause du cauchemar absurde et routinier qu’ils vivaient en commun et dont ils se renvoyaient la responsabilité.



Damien présenta les premiers signes de la maladie vers vingt-trois heures. Il dormait depuis longtemps et la fièvre le réveilla. Il sortit de la boutique transformée en dortoir. Il grimaçait en marchant. Il fuma sur le quai du métro, adossé à un tank de faction inutile puisqu’il n’y avait plus d’émeute depuis quarante-huit heures. Une toux sèche le cassa en deux, il cracha du sang et de la salive, une nausée transforma l’épisode en crise de vomissements qui dura plusieurs minutes. Il grelotait. Après avoir récupéré un peu de souffle il se rendit au poste de secours à l’intérieur de la gare. Une cinquantaine d’autres soldats étaient là, manifestant les mêmes symptomes. Les discussions et les rumeurs circulaient, relayées par des voix lasses et ponctuées de hochements de tête épuisés et de regards fébriles et entendus.
Les médecins et les infirmiers étaient débordés. Dans leurs rangs aussi la maladie avait frappé. On isola les invalides dans une rame de métro gardée par des militaires qui paraissaient en bonne santé. On leur donna des antibiotiques inutiles. Ils se laissaient faire, dépossédés de leurs armes, sans énergie. Damien fit partie de la première vague. Au fil des heures, d’autres les rejoignirent. On accrocha d’autres wagons. L’atmosphère était chargée de toux, de sueur et d’odeurs délétères.
A l’aube trois rames étaient remplies de malades debouts et serrés comme aux heures de pointe. Les premières diarrhées sanguinolentes se déclarèrent à sept heures et quart. Damien était inconscient ou mort depuis longtemps. Des policiers en civil utilisèrent le système d’aération des wagons pour gazer les soldats au monoxyde de carbone. Trop faibles pour se révolter, ils mirent soixante à soixante-quinze minutes à mourir.




***

konsstrukt big band en première partie de vaquette le 5 décembre à 20h à pérav'prod, 37 rue de la fusterie, bordeau. lecture du début d'holocauste + musique ; entrée 5 euros

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holocauste - roman à suivre « Réponse #19 le: décembre 01, 2008, 11:02:57 am »
ça commence à froutcher  smiley14  smiley19

konsstrukt

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holocauste - roman à suivre « Réponse #20 le: décembre 08, 2008, 07:48:08 am »
20 juin

En France, en additionnant à ceux qui survécurent à la maladie ceux qui en furent épargnés, il resta neuf millions d’habitants. Dans la nuit du dix-neuf au vingt juin la seconde attaque frappa aussi violemment que la première. Au matin il demeura sur tout le territoire un million et quatre cent mille survivants. Dans le monde, plus de quatre vingt-dix huit pour cent de l’humanité mourrut.

Des rescapés erraient dans les rues des grandes villes, d’autres se suicidaient. Aucun véhicule ne circulait plus. Des chiens squattaient les maisons remplies de cadavres. Les corbeaux, les rats et les mouches étaient plus nombreux que sur un champ de bataille. L’armée ne distribuait plus rien, ni sac ni information ; tout était fini. Des civils continuaient à alimenter les crématoires débordés. L’odeur de la chair brûlée se disputait à l’odeur de charnier. Quarante mille vivants à Paris, quelques dizaines dans certains gros villages. On se regroupait en bandes. On investissait les immeubles et les pavillons pour évacuer les morts et trier les objets de valeur. On occupait les appartements, on mettait en commun les ressources. On se battait pour la possession d’une bague, on exterminait des chiens pour venger un cadavre, on s’entretuait pour un congélateur plein de nourriture. L’eau courante n’était plus potable. Un litre d’Evian valait une vie humaine. Pillards contre pillards, pillards contre citoyens. Ailleurs des exodes se produisaient. Des gens erraient avec peut-être l’espoir de trouver un endroit habitable, ou simplement poussés par la nécessité de fuir les charniers, les rats, les maladies et les voleurs. Certains avaient un objectifs précis, comme rallier un entrepot ou une usine, la plupart avançait simplement. Les militaires et les policiers se regroupaient eux aussi et se livraient au pillage ou à l’occupation. Les beaux quartiers étaient des cibles fréquentes.
Partout les gens sains excluaient par peur de la contagion ceux qui avaient été atteints et avaient survécus. Il y eut des assassinats et des meurtres de masse, il y eut des bûchers.

Crapule explora le reste de la maison. Au rez-de-chaussée, dans la chambre des parents, le corps de la femme occupait le lit, l’époux gisait à terre. Une grande quantité de sang et de vomi les souillait. Des asticots creusaient la chair sous leur peau détachée en plaques comme de la vermine sous l’écorce d’un arbre. A l’étage les trois enfants se serraient dans le même lit, la couette et le matelas gorgés de sang noir et de déjections, moins de larve que dans l’autre pièce, la mort était plus récente.

Jean-Louis Akkouche avait cinquante-deux ans et son épouse cinquante-trois. Ils habitaient ce pavillon depuis dix-sept ans.
La femme s’était tordue de souffrances toute la nuit. La maladie avait rongé son cerveau et elle avait insulté son mari devenu un étranger. Elle avait hurlé de terreur, vomi des glaires et des caillots, chié une bouillie sanglante à l’odeur acide qui avait ruiné le matelas, elle était morte seule, prisonnière de sa conscience détruite.
A l’aube Jean-Louis utilisa un marqueur à encre indélébile pour inscrire le chiffre un sur la porte du pavillon. La détresse et l’épuisement marquaient son visage. Il attendit le camion toute la journée. Le camion ne vint pas. En fin d’après-midi il explora le quartier. Il ne trouva aucun survivant. Il retourna chez lui, dans la puanteur famillière. Il écouta des disques de Henri Salvador que sa femme aimait mais pas lui, il pria.
Au crépuscule il déshabilla sa femme et lui nettoya la peau avec un drap mouillé. Ensuite il étendit au pied du lit une couverture propre sur laquelle il fit basculer le corps pour l’y enrouler. En faisant cela il pleurait et ses mains tremblaient. Il fallut ensuite sortir le paquet de la chambre. Il attrapait à deux mains une extrémité de la couverture, se campait sur ses jambes, tirait sur vingt centimètres, lâchait, reprenait son souffle, recommençait, de temps en temps passait de l’autre côté pour pousser de dix centimètres avec les mains et les pieds en grognant sous l’effort. Il transpirait et respirait avec douleur. Il sortit le corps de la chambre. Il traversa tout le couloir. La progression y était plus facile car le carrelage accrochait moins que la moquette. Pour descendre l’escalier il n’y eut pas d’autre solution que de pousser le corps pour qu’il dévale. Ce fut grotesque. La tête, libérée, tapa contre une marche. La couverture coinça à mi-course. Le corps sortit a moitié et glissa. Jean-Louis laissa éclater son découragement puis se reprit. Il fallut tout remettre en ordre, dégager la couverture, forcer encore pour lui faire reprendre sa chute mais la retenir pour ne pas laisser une nouvelle fois échapper le corps. En bas il resta encore le séjour à franchir. Jean-Louis, en sueur et hors d’haleine, écarta les meubles pour faciliter son trajet.
Transporter le corps de la chambre jusqu’au jardin avait pris trois quarts d’heure. L’homme était courbé en deux, la respiration rauque, le visage rouge. Il retourna dans le pavillon se munir d’une bombone d’huile à friture. Il en arrosa le tapis. Il enflamma une alumette et la jeta. Ca s’embrasa vivement et brûla tout la nuit. Il demeura jusqu’au matin à regarder sa femme brûler. Il n’y avait aucun autre bruit que les flammes et la destruction du corps. L’odeur prenait au ventre et la chaleur cuisait la peau.
La température n’était pas assez forte pour consummer les muscles ni brûler les os. Seules la peau, la graisse et la couverture disparurent. A la fin il restait un squelette aux muscles carbonisés et des lambeaux de tissu fondu. Une suie graisseuse avait noirci la façade de la maison.

cindy cenobyte

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holocauste - roman à suivre « Réponse #21 le: décembre 15, 2008, 10:27:57 am »
il est 10H27 et vous avez de l' électricité à Bordeaux que je sache
 smiley19  smiley19  smiley19
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holocauste - roman à suivre « Réponse #22 le: décembre 15, 2008, 11:06:58 am »
il fomente un nouvel attentat à coup sûr, on l'aurait vu consulter les horaires de trains...
"Vous connaissez James Brown, moi c'est l'contraire, je suis blanc et je suis pas fier" Programme

cindy cenobyte

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holocauste - roman à suivre « Réponse #23 le: janvier 05, 2009, 09:34:56 am »
Citer
prologue

L’hypothèse finalement retenue : l’univers aurait interrompu son mouvement, ensuite son mouvement aurait repris. Dans l’intervalle, qu’on peut difficilement quantifier en durée étant donné que le temps également était supposé avoir cessé, une espèce issue d’une autre dimension se serait infiltrée. Sa présence aurait bloqué les ondes de longueur comprise entre neuf kilohertz et trois mille gigahertz. Cette espèce aurait été porteuse d’un virus.


Ces petits saluads de l' espace ont enlevé KonSStrukt  smiley19

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holocauste - roman à suivre « Réponse #24 le: janvier 08, 2009, 23:44:28 pm »
CETTE OEUVWE A ETE PWEMATUWEMENT INTEWOMPPUE WOUGANAGAWOUGOUNAGAWA ??????!!!!  smiley17

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holocauste - roman à suivre « Réponse #25 le: janvier 30, 2009, 13:16:34 pm »
désolé. beaucoup trop de travail en ce moment. sans parler de la vraie vie qui s'installe dans tous les coins dès qu'on relache la vigilance.


bientôt le texte intégral et un autre roman et un recueil de poésie. promis.

doppelganger

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holocauste - roman à suivre « Réponse #26 le: janvier 30, 2009, 14:16:05 pm »
:shao:  :bonaventure:  :shao:
Bien bien