«On voit pas l’intérêt de travailler pour perdre la moitié des huîtres. C’est déjà dur comme boulot, dit Nadine Gadet à son comptoir de vente directe, aux Moutiers (Loire-Atlantique). Et c’est pas de l’argent pour les dégâts, qu’on veut. C’est pouvoir satisfaire nos clients.» Le port du Collet aligne une demi-douzaine de cabanes coincées entre marais salants désaffectés et bicoques à échasses de pêche au carrelet. Comme toutes les côtes françaises, la région est atteinte d’un mal préoccupant : la surmortalité de ses jeunes huîtres. Bactérie ? Algues toxiques ? Nouveau virus ?
A l’Ifremer, l’Institut français de recherche sur la mer, on se contente pour l’instant de constater, à la manière des enquêteurs judiciaires, «qu’aucune piste n’est écartée.» Un agent pathogène inconnu, un hiver trop pluvieux. D’Arcachon à la Normandie, de l’Atlantique à la Manche, tous les bassins d’élevage sont affectés, quelles que soient leurs caractéristiques : parcs ostréicoles plus ou moins brassés par les marées, baignés par des eaux plus ou moins froides, alimentés par des bassins versants dissemblables. Alors, la faute à qui, à quoi ? Aucun portrait-robot de suspect. «Le problème est national et ici, dans la baie de Bourgneuf, d’une exploitation à l’autre, ça va de 20 % à 90 % de perte des huîtres d’un an», soupire Pascal Girard, président de l’association de défense des ostréiculteurs de la baie. Le seuil d’alerte de surmortalité est fixé à 15 % de pertes. «On n’a que des hypothèses. Moi je penche pour un surcroît d’eau douce avec les pollutions qui vont avec. Mais pourquoi tant de variation à quelques mètres près ?»
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