88 : 12
Tout cela c’était les préliminaires, c’est à dire tous les actes qui purifiaient Florence. Le fouet et le sperme purifiaient son corps mais il restait son esprit à nettoyer et c’est pour cette raison qu’une fois chaque jour, à la fin de ma prière, je la violais. Il n’y avait pas de règle, je pouvais lui prendre sa bouche, sa chatte ou son anus, c’était selon mon envie, en revanche je me lubrifiais toujours la queue avec son sang. Je la coupais chaque jour au même endroit, entre les cuisses, là où ça s’infecte facilement. Je coupais, je frottais la plaie avec ma main, je me branlais avec la main poisseuse de sang. Ensuite je prenais Florence dans la position qui m’excitait le plus selon le moment. Elle devait simuler la jouissance. Les premières fois, elle était réticente et j’étais obligé de la frapper. Il m’arrivait d’aller jusqu’à l’assommer mais à partir du troisième jour elle comprenait et elle obéissait. Il arrivait à Florence d’être une incroyable jouisseuse. Elle gémissait et elle criait avec une sincérité incroyable, elle me suppliait de la bourrer encore plus, de la remplir de sperme, elle me disait en gémissant et en se tortillant qu’elle était mon tonneau à foutre, mon outre pleine de sperme, qu’elle adorait sentir mon sperme chaud lui remplir la chatte, le cul ou la bouche. Des fois elle en faisait des tonnes, j’étais content. J’étais dans un tel état après la prière que je pouvais jouir, rebander et la baiser encore quatre, cinq fois avant d’être repu. Je la frappais, je lui tordais les tétons, je la griffais jusqu’au sang. Elle se laissait faire. Elle me suppliait de recommencer à lui faire mal. Chaque jour elle s’abandonnait un peu plus. Elle était chaque jour plus docile. Son regard. Je surveillais son regard. J’en connaissais l’évolution. Le onzième jour, rien qu’à voir son regard, je pouvais jouir. J’étais électrisé. Je vivais ces onze jours dans une montée constante et bienheureuse. Je m’approchais du bonheur.
89 : 11
Pour la mise à mort, je la faisais passer de la geole au temple. Au bout de onze jours de préparation elle était transformée. Ses plaies étaient généralement infectée et elle était au bord de mourir. Elle était prête à partager mes visions. Je l’allongeais dans son cercle. Je la coupais pour recueillir son sang, ensuite je lui enfonçais mon poing dans l’anus jusqu’à briser la résistance des shpincters et je recueillais la merde. Je mélangeais son sang au mien d’une part, sa merde à la mienne d’autre part, en deux récipients séparés. A ce stade il arrivait qu’elle tombât inconsciente. Il fallait que je la réveille. Pour cela j’utilisais le couteau. Je la tailladais. Je connaissais les endroits qui occasionnaient une souffrance assez grande pour réveiller n’importe qui. Les tétons. Les gencives. Les ongles. Une fois éveillée nous nous enduisions d’abord du sang et ensuite de la merde. Elle obéissait. Il était impossible qu’elle n’obéisse pas. Quelquefois elle me suppliait de la laisser partir, de lui laisser la vie sauve. Quand elle se montrait à ce point désobéissante je lui tranchais la langue, alors elle cessait toute supplique. Nos odeurs étaient parfaitement mêlées. Elle formaient l’Anteros.
Enfin je pouvais la tuer. Elle était allongée dans le cercle et je lui faisais l’amour. Au moment de l’orgasme je lui ouvrais la gorge et je laissais son sang s’épancher sur moi, synchrone avec la baisse de tension consécutive à la jouissance. Je m’abandonnais et Antéros venait avec douceur.
Après ce moment de paix, que je prolongeais aussi longtemps que possible (parfois en me masturbant encore sur son corps), je me munissais de la hache et de la scie et je préparais le cadavre. Je séparais les membres et la tête et puis je détachais les pieds et les mains. Je déposais la tête sur l’autel. Je cuisais au braséro les pieds et les mains et je les mangeais. L’odeur, mélangée aux autres odeurs. Le reste du corps allait dans la fosse, sous la chaux.
90 : 10
A la fin l’autel exposait une cinquantaine de têtes présentant tous les états de décomposition imaginables. Vingt ans de traque qui livraient leur chronologie, et je me souvenais de toutes, il me suffisait de regarder, toucher, humer chacune. Tout me revenait. Tous les détails, la traque, les préliminaires, les prières, les parôles d’Anteros, ce qu’il avait fait, la mise à mort, aussi, le goût de sa chair. Je flairais l’os nu ou la chair gélatineuse, je touchais la peau friable, les restes de cheveux, la pointe d’une dent. L’excitation revenait, intacte, je me masturbais souvent à l’aide des têtes. Le souvenir était tellement puissant. J’éjaculais dans ce qui restait de bouche ou bien contre l’os ou encore dans l’orbite de l’œil qui parfois me faisait penser à une chatte. Cela me ramenait à la félicité des rituels. Quand je n’avais pas assez d’énergie pour me mettre en chasse, quand la pulsion était tenue à l’écart et bridée, ça m’aidait à tenir.
Quand j’étais livré à la survie et à la banalité du monde, il m’arrivait de regarder la télévision. Je me suis intéressé à l’affaire Dutroux et aussi aux affaires Romand et Fourniret et à tout le merdier d’Outreau. Je ne savais pas quoi penser de tout ça. Les journalistes m’assimilaient à eux, je le sentais. Quand ils parlaient d’eux avec tout leur mépris, je percevais bien que tout ce qu’ils disaient, tout leur fiel, aurait pu s’appliquer à moi. Dans leur tête. Et pourtant moi je me sentais totalement différent. Ils ne tenaient pas debout, ni Dutroux, misérable baiseur d’enfant, ni Fourniret, crétin apathique, encore moins Romand, pauvre autiste. J’ai lu le livre d’Emmanuel Carrère. Je n’aurais pas aimé qu’un tel livre soit écrit sur moi. J’étais différent de cette racaille, de ces pauvres bougres subissant leurs pulsions comme on subit un viol. Ces pauvres cons, leur seule joie dans la vie, enculer des petits enfants. Je caricature. Je rie d’eux mais ils ne me faisaient pas rire, ils me faisaient pitié.