"si tu m'aime un peu mange au moins des carottes" (Hélène)
Bon, j'étais ici, parmis vous, en train de dire des conneries, puis j'vais au rencart voir John et John, et un autre groupe dont j'me rapelle pas le nom, dont le chanteur aux genoux brisés hurle comme un dératé, mais j'aime bien...
Donc pour aller aux beaux-arts, je passe par le jardin vert. tranquille sur ma route, deux bières dans le sac qui vont mousser quand j'vais les ouvrir, ça va être cool. En plus, c'est joli l'jardin vert, ça va me faire une petite ballade, j'vais retrouver mes copains...Bientôt, j'entendrai l'son du premier groupe qui passe en contrebas et qui raisonne parce que le parc où je passe est à flan de falaise....
Je ne suis que devant le grand portail à l'entrée, j'ai tout le parc à traverser.
Le temps de méditer, de voir qu'un jeune avec une belle casquette blanche quitte le parc, qu'un autre sur un banc avec une fille assise sur lui finis sa canette de huit-six et en entame une autre... en passant j'entends que ça fait pitch et je remarque que la fille a plein des tresses...
La scène en soi, j'la trouve pas excitante, j'pense à rien, à rien du tout, je trace, et malgré moi , j'tourne la tête vers lui , il me regarde, avec la fille qui gigotte sur lui...il a le visage rond ... on dirait des clients d'Auchan.
Et je fais un faux pas . Par terre un petit ver de terre séché se fait manger par des fourmis. J'veux pas marcher dessus.
J'pense à rien, j'suis conne. Dans les parcs, des fois les gens qui se croisent se disent bonjour. J'allais pas dire bonjour au couple, même si le type m'a regardé. J'aime pas.
Si je croise une vieille oui, je lui dirait bonjour, sauf que c'est plus du tout l'heure des vieilles dames... Si j'croise un mec, j'fais comme si j'l'avais pas vu, j'regarde par terre.
Il est pas bizarre ce parc, mais y a, comment dire, une légende qui dit que c'est un parc où des hommes se réunissent la nuit et tournent, et tournent pendant un temps indéfinissable. Le temps sans doute de trouver ce qu'ils cherchent.
Mais ils font ça la nuit. Quand tout est noir. C'est pas encore l'heure pour moi de risquer d'en croiser...et c'est m^me pas une légende, c'est un parc à hommes....ils sont seuls, et ils tournent. Comme des types un peu bizarres, j'ai une drôle de sensation quand je passe devant l'endroit déstiné à accueillir les moments forts de leurs trouvailles, tout le monde sait que c'est là...
enfin, les gens font ce qu'ils veulent, s'ils veulent aller tourner dans le parc....et laisser trainer des capotes pour que les mômes puisse s'amuser avec le lendemain....j'imagine un type massif avec une veste à carreau....sa silhouette de dos....un autre un peu maigre avec un jean à pince délavé....et puis un jeune avec du gel dans les cheveux, et puis d'autres types paumés, ils se parlent pas.. J'imagine, c'est tout. Pourquoi j'pense à ça? Merde..je m'débarasse d'un sentiment de dégout qui me submerge malgé tout, malgré qu'on s'en fout.
Et puis, j'entame la descente dans les petits chemins. J'repense plus... j'me remets en mode silence. j'ai plus rien dans la tête et j'fais attention à rien. En haut un petits groupe de promeneur, sans doute une famille semble admirer la vue, on entend déjà le son qui s'échappe de la cour de l'école tout en bas, j'ai re l'esprit ailleurs.
Quand c'est comme ça mon temps de réaction décuple...
Les chemins se tortillent, j'écoute le son "ah c'est hardcore", j'me dis, et je vois se profiler trois ou quatre silhouettes...sans plus faire attention...uniformes...je percute pas. je continue...
Et c'est là que je vois le drap taché d'un rouge flamboyant et frais qui envelloppe quelqu'un par terre....
Un flic s'avance. Il me dit de passer mon chemin et m'invite à faire demi-tour. Effectivement celui-ci n'étant pas large, j'avais pas du tout envie de devoir enjamber un mort ....Comme j'suis un peu conne, j'dis "c'est un assinat?" Si le type s'était jetté de la falaise il aurait pas pu tomber là. S'il était tombé là, il serait pas mort, parce que y a pas moyen de se retrouver mort ici en faisant une chute ...c'est pas assez haut ici pour un suicide. de toute façon, le flic me dit " on ne peut rien vous dire"....dans la cour, tout en bas, le mec au micro hurle.
Du coup j'suis obligée de passer par le chemin qui descend vers la maison du chien méchant, j'aime pas, j'ai peur. J'aime pas ce clébard. Qui grogne comme un monstre. Normalement j'aurait du passer par le petit pont. mais la route était coupée. Coupée. J'ai un énorme frisson à cause du chien. Un chat sans queue, au poil brûlé s'enfuit devant moi.
J'arrive enfin.
Je dis bonjour à Marie qui me raconte qu'elle a passé le motoculteur à l'atelier et qu'on aura des fraises des courgettes des tomates, je lui donne des nouvelles de mon vivarium numérique, mes plantes qui poussent à coup de flash...finalement on fait un peu la même chose...sauf qu'elle est tout le temps dehors. Moi ça me fait chier de bronzer aux UV de mon écran.
J'ai mal au ventre et je bois, les antispasmodiques que j'avais pris n'agissent pas vraiment, la bière oui.
Je me suis demandé s'il fallait que j'leur dise pour la vision que j'ai eue toute à l'heure juste avant d'arriver.
Cécile dit qu'elle veut monter un truc compliqué , genre une boite avec une copine. Jo le tatoueur roule. J'le dit à Jo? Oui, j'le dit à Jo...puis voilà, que dire d'autre, on sait pas qui c'est....Jo le dit à Arnaud, puis c'est tout. Après on s'en fout on regarde le son, on passe une bonne soirée.
Ils ont insallé tout leur bordel dans la cour ...
Vincent le chanteur au genoux broyé claudique au bras de Chloé la petite gouine, c'est pas sa copine....est-ce qu'il a des copines...?
Andréas me montre une photo de lui quand il avait 14 ans.... j'raconte des conneries à Chloé, j'lui parle de l'Algérie, elle en a rien à foutre, mais j'vois qu'elle fait un effort pour me répondre, en plus j'suis même pas inspirée...
Et John et John, c'est un couple....Nico à la guitare, Camille fait de la basse , y a un synthé.......ce machin ressemble à un vieil orgue, enfin, j'y connais rien. Elle est belle Camille avec ses déhanché qui battent sur mesure l'énorme pédale au pied du synthé. Ils assurent avec leur look sobre pantalon noir , cravate, ouai, une bonne soirée, pour moi...
Pas pour le type sous le drap.
J'croyais rien. Avec cette cervelle de linotte que dis-je...de carotte rapée que j'ai... Et ça lui fait quoi à ton petit cerveau de croiser sur son chemin quelquechose de normal? rien? en rentrant , j'ai pas pu m'empêcher pleurer 15 secondes à la fenêtre ....c'est l'acool....ça rafraîchit les idées...