a paraitre dans le prochain noise mag
SOLAR SKELETONS
Necroethyl
(Radon Uropa/Aïnu Record/Amertume/Marasm/Bruits de Fond/Saucisse Lentilles/Night On Earth/Tool Box/Bad Taste Krew/Angstrom Mastering)
BLUES INDUS DOOMKOPF
Tous ces micro-labels unissent leurs forces pour sortir cette épaisse et magnifique galette gris marbré dans sa chouette pochette granuleuse, une belle pièce gravée de six morceaux du duo Solar Skeletons formé par Tzii et Ripit (les fils cachés de Pit et Rik?), deux garçons vachers frenchies exilés à Bruxelles. Bonne découverte que la musique de ces deux barbus expéritentateurs à chapeau distillant un étrange mélange noir et crasseux de martèlements indus lo-fi, de voix saisies au passage, de guitares blues désossées et d’une basse sourde crapahutant sur des chemins sinueux par une nuit d’encre. Echardes blues à boîte à rythme, voix ravinée de redneck aviné et dark electro broussailleuse très proche des productions illbiant/dub hiphop de Wordsound (Fujako, projet dark hip hop de Ripit vient d’ailleurs de sortir sur Wordsound): un truc pas banal, qui, au final, rappellera tout un bestiaire comme Les Reines d’Angleterre de Ghédalia Tazartès, le death folk de Death In June, les Brainbombs au ralenti et raclés jusqu’à l’os sur une death & love song au rythme bancal et titubant de procession mortuaire (nuit blanche pour broyer du noir au son de la vermine electro sur le morceau titre agité par une trompette démente), Nick Cave aliéné à Mark E. Smith sur du blues doomy noisy craspec, des nappes bruitistes vrillées et du dark dub indus à la Spectre; Cheveu pour la voix nasillarde graveleuse et le post-punk binaire débonnaire qui me faisait penser à Grötus ; et surtout Suicide pour ce blues cyberjunky squelettique violenté à l’electro dark minimaliste. Les paroles de « Waiting For The Next Chapter » sont extraites du poème « Dinosauria We » de Bukowki et lévitent comme un spectre au dessus des eaux lourdes charriant des rebus ferreux, tandis que « Low Inside Electric Sun » s’écrase la face sur un mantra ambient indus annihilé par une voix lointaine s’enfonçant au travers de nappes pesantes, écharpés par des lambeaux de guitare aussitôt balayés par le vent, comme si Thurston Moore remplaçait O’Malley dans KTL. Si j’étais Ridley Scott, l’electro doom léthargique de « Candy In The Jar » (clin d’œil au beurre noir au merveilleux « Whisky In The Jar » de Thin Lizzy ?) figurerait sûrement sur la BO de la future adaptation de Méridien de Sang de McCarthy. Et en parlant de BO, les gaziers de Solar Skeletons ont participé à la bande-son du film « The Man We Want To Anger » sur le réalisateur luciférien Kenneth Anger, aux côtés de Coil, Sonic Youth, Earth, Throbbing Gristle et des excellents québécois de Menace Ruine dont il faudra qu’on vous cause un jour prochain.
T.SKIDZ 8/10