La société Glem, filiale de TF1 vient d'être condamnée : les couples de l'Ile de la tentation doivent être considérés comme des salariés. La suite, prévisible, sera le cauchemar du DRH maison.
La cour d'appel de Paris a rendu mardi dernier un arrêt condamnant la société Glem, filiale à 100% de TF1 et productrice, entre autres, d'émissions de téléréalité, pour «travail dissimulé». Selon les juges, les couples qui ont participé à l'Ile de la tentation 2 n'étaient pas des candidats à un jeu télévisé, mais des employés. Glem est donc dans l'obligation de leur verser un salaire, ainsi que des dizaines d'heures sup' puisque les couples de l'Ile vivaient sous l'oeil des caméras 24 heures sur 24. Bref, pour Glem l'addition passe mal. Mais que ses dirigeants se rassurent : ce n'est rien à côté de ce qui attend maintenant les producteurs de téléréalité.
Car si les candidats sont considérés comme des salariés, ils vont s'ajouter aux employés de l'équipe technique (qui sont assez nombreux sur ce genre de tournage). Et avec un peu de chance, tout ce petit monde dépassera la cinquantaine d'individus. Ce qui signifie que les producteurs devront organiser des élections de représentants du personnel et créer un comité d'entreprise ! De quoi révolutionner la téléréalité…
Cinq gourgandin(e)s par candidat, le minimum syndical
A Koh Lantah, par exemple, au lieu de s'affronter bêtement entre équipes jaunes et bleues sans aucune raison, les candidats seront séparés entre liste Sud et liste CFE-CGC. Objectif : gagner le siège de secrétaire du comité d'entreprise. Dans le même registre, la «réunification» - vers la fin du jeu, jaunes et bleus cessent de s'affronter pour fusionner en une seule et même équipe - serait rebaptisée «intersyndicale». Une fois élus, les membres du CE, lassés de manger du riz trop cuit et des larves de guêpe, s'empresseront de réclamer des tickets restaurant.
Sur l'Ile de la tentation, le CHSCT (comité hygiène, sécurité et conditions de travail) imposera qu'on forme les candidats à la sécurité incendie avant d'organiser les fameux feux de camp au cours desquels les participants visionnent les images de leur moitié en train de s'envoyer en l'air avec un(e) gourgandin(e). La NAO (négociation annuelle obligatoire entre les syndicats et la direction) portera bien évidemment sur l'augmentation du nombre de gourgandin(e)s mis à la disposition des candidats à l'infidélité («Pour faire du bon travail, il nous faut au moins cinq filles/mecs par personne. En dessous, on ne garantit pas la qualité»). Lassée la direction finira par délocaliser en Chine l'émission, qui sera rebaptisée «L'usine textile de la tentation» : au lieu de se la couler douce au bord de la piscine, les participants occuperont leurs journées à la fabrication de pantalons.
Un enfer pour Nikos Aliagas
A la Star Ac', le téléspectateur participera directement aux élections des représentants du personnel et des membres du CE : «Pour Tatiana, tête de liste CGT, tapez 1. Pour Marc, tête de liste CFDT, tapez 2». Quant aux live du prime, ils seront organisés en fonction de l'emploi du temps des candidats, chamboulé par l'application des 35 heures. Un enfer pour le présentateur Nikos Aliagas : « Ce soir, Kevin devait chanter en duo avec Johnny Hallyday, mais comme il est en RTT il sera remplacé par Elodie… Ah non, on m'informe dans mon oreillette qu'Elodie a pris une récup'. Donc c'est Alexia Laroche-Joubert qui s'y colle». Pour se venger, la direction risque d'interdire aux participants de recevoir des coups de fil personnels sur leur lieu de travail. Adieu les pleurs au téléphone avec môman !
Dans Secret story, la « taupe » (dans l'émission, l'un des participants a pour secret d'être un espion de la production) se prétendra déléguée syndicale Sud alors qu'en fait elle sera employée à la DRH de TF1. A la Ferme célébrités, les « œuvres sociales et culturelles » du Comité d'entreprise financeront l'achat d'un cerveau pour chacun des participants. L'argent restant sera consacré à l'organisation d'un arbre de noël pour les enfants des salariés. Au buffet, Jordy forcera un peu trop sur le champagne, et finira la soirée en beuglant «Dur, dur d'être imbibé».
Mais on rêve, on rêve, alors que le plus simple serait peut-être de planter directement des caméras dans une vraie entreprise, avec de vrais salariés, une vraie machine à café, des chefs, des subalternes, des stagiaires, un patron… Ça, coco, ça marcherait du tonnerre. Encore mieux que le Loft.
Bénédicte Charles
http://www.marianne2.fr/Coup-dur-pour-TF1-les-syndicats-s-invitent-a-la-star-ac_a83900.html
