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« le: mars 28, 2011, 17:43:32 pm »
Faut quand même relire ce fameux chapitre de "Bruits" de Jacques Attali, son essai sur la musique publié dans les années 70 et retouchés au milieu des années 90. Sa théorie du pouvoir anticipateur de la musique sur les changements sociaux. Au dernier chapitre, il explique bien, que le "mp3" et le "tout numérique" conduiront à la société des gens qui préfèrent créer que consommer. Pourquoi acheter la musique d'un autre, je préfère en faire moi même.
Apple a tout compris avec ça, comme beaucoup trop de marques. "Si tu veux faire fortune, ne sors pas des albums de guitare, vends plutôt des guitares" :)
Et puis les Xenakis, Stockhausen et co, bon d'accord ces génies étaient des ultra-prétentieux (en se considérant comme l'aboutissement de la pensée musicale), mais prédisaient déjà bien dans les années 50 que le futur serait au "tout le monde artiste". Xenakis a beaucoup bossé dans les années 60 sur des algorithmes transformant des dessins en musique. Pour lui, composer devrait devenir une activité aussi bancale que de griffonner un dessin sur un coin de feuille, grâce à la technologie.
On s'est affranchi du langage musicale et de l'écriture traditionnelle, pour automatiser grâce à des machines, les premiers se moquaient des seconds. Puis on est passé de l'analogique au numérique, les deuxièmes se moquant des seconds, les premiers mettant la catégorie deux et trois dans le panniers des clochards de la musique. Aujourd'hui, on arriverait à sortir du gros son à partir d'un smartphone en allant chercher sa gazette chez le libraire du coin :D Tout ça n'est qu'un lent mais régulier processus de "simplification" de la création.
Alors bien, sûr, la "grande" musique, intelligente, bien foutue, bien pensée, bien fignolée, aura toujours sa place, mais c'est pas impossible qu'on ait atteint une fin dans ce processus. Du moins, on est allé jusqu'aux barrières physiques de nos corps et de nos cerveaux.
Le but final de la musique, et je le dis depuis 10 ans, et je le dirai encore 100 ans ou jusqu'à ce ça sorte, ce sera la musique cognitive. Je m'assieds, je ferme les yeux, je mets un capteur sur mon front, je pense la musique, elle s'écrit, et je l'envois directement dans le cerveau des gens, en court-circuitant leur oreille, comme ça je me limite pas aux fréquences audibles. ET ce sera la victoire de l'esprit brut.