Hola compadres !
Alors, bandes de nazes lobotomisés au gros rock qui tache ou à la techno qui fait boom tss boom tss boom ! Je parie que, comme moi, vous méprisez au nom de la branchitude les chansons jouées à la guitare sèche : pouah, ringard !
Bon, mais il y a eu Victor Jara, chanteur chilien exécuté à la hache dans un stade de Santiago, en 1973. Destin tragique, mais vie intense. Jara n'utilisait ni groovebox, ni distorsion, même pas une guitare électrique : juste un micro, une voix, et des mots. Mélodies prenantes, tragiques, à faire pleurer DJ Narcor ou MC Fullrabla sur leurs platines.
Si on m'avait dit, il ya quelques années, que j'aurais aimé écouter cette simple voix, j'aurais ans doute sorti un flingue et tiré dans le tas. Et pourtant...
Comme il n'est jamais trop tard (ou trop tôt) pour dépasser ses préjugés, je vous invite à écouter ces modestes mais miraculeuses chansons : hé oui, des "chansons"... ca fait peur hein ?
http://www.asso-chc.net/rubrique.php3?id_rubrique=96Victor Jara (1932-1973)
Les mots ne sont pas innocents. On ne défie pas impunément le pouvoir, surtout s'il est entre les mains de dictateurs sanguinaires. Victor Jara en fit l'amère constat, payant de sa vie son engagement militant auprès de Salvador Allende au Chili.
Chantre de la révolution communiste, Victor Jara chantait le partage des terres, critiquait le conformisme bourgeois, dénonçait la répression militaire, condamnait la guerre du Vietnam…
Après le coup d'état du Général Pinochet, Victor Jara fut arrêté et emprisonné dans le stade de Santiago, lieu de triste mémoire. Il fut torturé et exécuté.
Pinochet a échappé à ses juges. Le monde de justice rêvé par Jara n'est pas pour demain.
« On amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de l'officier, une hache apparut. D'un coup sec il coupa les doigts de la main gauche, puis d'un autre coup, ceux de la main droite. On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s'écroula lourdement. On entendit le hurlement collectif de 6 000 détenus. L'officier se précipita sur le corps du chanteur-guitariste en criant : " Chante maintenant pour ta putain de mère ", et il continua à le rouer de coups. Tout d'un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l'on entendit sa voix qui nous interpellait : " On va faire plaisir au commandant. " Levant ses mains dégoulinantes de sang, d'une voix angoissée, il commença à chanter l'hymne de l'Unité populaire, que tout le monde reprit en chour. C'en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en avant. D'autres rafales se firent entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec Victor. Il y eut un véritable écroulement de corps, tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait pas. Il était mort. » Miguel Cabezas (extrait d'un article paru dans l'Humanité du 13 janvier 2000).
A desalambrar
Un chant révolutionnaire.
Un appel à la révolte pour le partage des terres et des richesses. "Cette terre est à nous et non pas à celui qui possède le plus", "si les mains sont les nôtres, est à nous aussi ce qu'elles produisent"... Le réforme agraire a toujours été au centre des projets révolutionnaires communistes, et ce dès la révolution russe.
On imagine les grincements de dents des puissants propriétaires terriens chiliens. Avant la réforme agraire engagée par Allende, 700 (...)
Casitas del Barrio Alto
Une chanson délicieuse, mordante de froide ironie. Victor Jara raconte la vie réglée des bourgeois Chiliens. Une vie rangée, de belles maisons multicolores dans le "Quartier Haut", des relations sociales codifiées… une existence morne, convenable.
Jara évoque ensuite les enfants de la bourgeoisie, ces freluquets en quête de rébellion qui « jouent avec des bombes et la politique, assassinent des généraux et deviennent des gangsters de la sédition »… ce qui n'empêche pas leurs parents et (...)
El derecho de vivir en paz
Dans cette courte chanson, Victor Jara plaide pour que les Vietnamiens aient enfin "le droit de vivre en paix". Il fait ainsi référence à la guerre d'indépendance engagée contre la France (1946-1954), presque immédiatement suivie de l'intervention américaine dans le conflit (1957-1975), pour éviter que le royaume fantoche de Bao Daï, au sud, ne devienne à son tour communiste.
Il s'agit également d'un hymne à Ho-Chi-Minh. Le révolutionnaire Vietnamien est qualifié de "poète", on l'appèle (...)
Ni chicha ni limona
Un chant follement entraînant. "Vous n'êtes rien !"
Un texte très difficile à comprendre. Une langue très imagée, fourmillant d'argot latino-américain.
Victor Jara s'adresse à tous les patrons indolents de son pays, ceux qui veulent « diriger le bal », ceux qui veulent « toucher plus » mais sans forcément travailler pour cela. La révolution est en marche et « n'entend pas reculer » leur dit-il. « Nous allons vous exproprier » lance-t-il à tous ces cloportes inutiles qu'il interpelle (...)