Comme le disait une des mes connaissances Breakcoreuse :
"si les gens commencent à aimer mes sons et à danser dessus, j'arrête tout de suite, c'est qu'ils n'ont rien compris"
Evidemment je ne fais que répeter ses propos, rien d'autre.
Boaf, certes, mais ce genre d'attitude c'est presque du conservatisme si l'on considère que ça n'a strictement rien de nouveau : on disait des trucs dans ce genre dans les années fin 70 avec le punk. Fallait jouer désaccordé, si possible avec des grattes pourries, n'avoir aucune technique, péter ses cordes avant un concert c'était la hype, etc. On crachait sur le public, on lui pêtait la gueule à coups de basse (genre Sid Vicious en sang lors des concerts des Pistols), bref, rien de neuf sous le soleil. En plus je n'y crois pas: c'est que de la pose. Qui peut prétendre aimer qu'on déteste ses créations ? ou alors faut aller jusqu'au bout d'une logique de retrait de la scène, y compris de retrait par rapport aux rétributions symboliques que procurent les soi disant extrémismes de la musique.
Et puis pour finir, je ne vois pas en quoi le breakcore serait si original que ça :
- les sons sont les mêmes que ceux qu'on trouve partout en tek/electro, peut-être un peu plus destroy en breakcore, mais sans plus. A la limite, je trouve Dutilleux et Varèse plus provoquants et déstructurés que Shitmat.
- la manière un peu fétichiste de mettre en avant les bruits de la technique (bleep), ça a près de 10 ans, et ça hérite asez directement de Kraftwerk/Devo
- les breaks à n'en plus finir, c'était déjà présent dans la drum'n'bass/jungle et dès les années fin 90, par exemple chez Mick Harris quand il a commencé à accélérer ses tempi. Le breakcore a radicalisé cette pratique, et c'est là sans doute sa principale originalité. Mais il n'a rien inventé de spécifique.
- l'attitude scénique : ouais, une fois qu'on a vu 5 ou 6 lives avec toujours le même costume de catcheur, ou les moustaches de charlot de Shitmat, bon, bref, on a compris quoi. C'est fun "on ne se prend pas au sérieux", OK, j'approuve, mais ça renouvelle quoi ?
- les compositions ? Ben là, c'est comme en tek : rien de bien neuf non plus. C'est pourtant là qu'on pourrait vraiment parler d'expérimentalisme, si les gens se creusaient vraiment la tête. Faire du harsh noise breakcore, c'est simple comme bonjour. pondre une compo qui n'a pas été mille fois déjà entendue, c'est un exploit.
- la mélodie ? Heu... non, j'ai rien dit. Et pourtant... y'aurait bien des choses à faire de ce côté ci de la musique, au lieu de prétendre tout renouveler en tuant toute mélodie comme c'est si souvent le cas, au nom du sacro saint "bruitisme" expérimental.
- les idées politiques ? Heu... non, j'ai rien dit.
J'en écoute, hein, du breakcore, faut pas croire, ça me plait assez même, mais comme ça fait des années qu'on en entend parler et que la définition évolue sans cesse, ça sent un peu le plan hype quand ça arrive comme une marque de fabrique, un slogan subitement fédérateur.
Je me rappelle il y a 4 ans environ, on avait fait jouer Tournesol (Öko System) : j'avais mis "breakcore" sur le flyer, parce que c'était ce qu'il mettait habituellement. Il m'avait dit à l'époque : "laisse tomber, je ne joue plus breakcore depuis longtemps". Mais si on faisait écouter son breakcore de l'époque à ceux qui se revendiquent du breakcore aujourd'hui, ils diraient "tiens, c'est de la techno un peu moins linéaire que d'habitude", mais n'accepteraient peut-être pas qu'on en parle comme du breackcore.
Bref, tout ça pour dire que le breakcore est l'un des multiples produits dérivés/avatars des musiques électroniques, sans plus. On n'en parlera plus dans 6 mois, et ça ira remplir les poubelles historiques de la rock critique comme tant d'autres courants soumis au darwinisme forcené des scènes pop/rock depuis 50 ou 60 ans.
<mode désinvole ON>
Bref... je sais pas pourquoi je parle de ça, j'en ai vraiment plus rien à foutre de la musique à part de celle que je fais.
<mode désinvole OFF>
+A+