Chers amis,
Je dois à mon tour passer aux aveux. Ce fameux article censé paraître dans le prochain Chronic'art s'avère en réalité être un fake, dont Amnésie et moi-même sommes les auteurs. Tout est parti d'une brusque envie de rigolade sans aucune préméditation. Nous avons fait le truc très rapidement et l'avons mis en ligne en pensant sincèrement que la supercherie serait découverte en moins d'une heure.
A notre grande surprise, personne n'a décelé les quelques indices que nous avions laissé (nous avions en particulier repris un commentaire d'un ami concernant la compilation, et nous pensions qu'à la première lecture il reconnaîtrait ses mots... mais il semble qu'il ne l'ait pas lu! - l'autre chronique sur le scan était déjà parue - les initiales du chroniqueur n'ont jamais été utilisées dans ce canard). Ce qui m'a fait plaisir en un sens, non pas parce que le fake semblait réussi, mais parce que les gens qui ont réagi à cet article semblaient tous penser que, finalement, cette compilation pouvait mériter ce genre d'écho. Or je pensais justement que c'est ce qui provoquerait des suspicions.
Concernant le contenu de la chronique, Amnésie avait d'abord écrit une trame plutôt positive, mais c'est moi qui y ai rajouté ce fond condescendant, qui en a énervé plus d'un parmi vous (et il m'aurait tout autant retourné si je l'avais lu dans une vraie chronique!). En fait, je me suis demandé qu'elle pourrait être une raison possible pour que les chroniqueurs de presse nationale ne se penchent jamais sur nos pratiques et nos productions gratuites. L'argument méprisant du chroniqueur me semblait crédible (je suis à peu près certains que beaucoup pensent ça) et collait avec le "mea culpa" qu'avait imaginé Amnésie.
En préparant ce fake, je me faisait plaisir en réalisant le rêve du type qui gagne au loto sans y jouer. Etre chroniqué dans un journal du type de Chronic'art n'est certainement pas un objectif en soit, mais quand on dirige un micro-label depuis des années et qu'on avance à la vitesse d'un escargot pour se faire connaître, on en vient parfois à avoir envie de se genre de "validation", tout en se disant qu'on en a rien à branler. Mais quand-même, ce serait cool. Mais en même temps, on s'en branle. Mais... Il y a un moment que j'ai arrêté de leur envoyer des disques : c'est comme pour tout, si tu ne connais pas le type à qui tu l'envois et si tu ne peux pas lui passer un coup de fil pour voir si il va en causer, ça ne sert pas à grand chose de payer le colis. Nous avons eu une chronique il y a quelques années dans l'ancien Trax, rédigée par un passionné qui écoute tout, mais qui n'a pas le choix final de ce qui sera publié. Et cette chronique n'avait eu absolument aucune retombée : donc pas de fantasme. (PS spécial Cannibal Caniche pour ce paragraphe : je suis peut-être un peu moins underground militant que certaines personnes du forum; j'ai encore des mini-rêves de gloire, mais j'essaye dur de les etouffer).
Si je n'ai pas révélé tout de suite la supercherie, c'est parce que nous avons été tenté pendant un moment de laisser filer et de voir si la rumeur de cette chronique pouvait remonter vers les médias locaux (à Angers pour être précis). L'expérience nous aurait permis d'observer leurs réactions, et voir ceux qui attendent ce genre de validation pour parler de cette sortie. Les médias angevins ont tous reçus un email avec les morceaux avant leur sortie, mais je n'ai obtenue qu'une seule réaction (positive). Mais la vérité, c'est qu'il faudrait que je fasse plus correctement mon travail de promotion, et que je prenne le téléphone pour appeler tout ces gens (je n'arrive tout simplement pas à faire ça).
Donc, il est hors de question d'utiliser ce fake, parce que c'est tout simplement malsain. Pour vérifier que ça fonctionne, il faudrait que je continue de vous faire croire que la chronique est vraie. Par contre, je me suis dit que ça pourrait être drôle de rédiger plusieurs fake du même acabit et de les adresser aux journalistes des grands titres musicaux et culturels, avec la mention "voici la chronique que vous n'écrirez pas sur ce disque". Ca reviendrait comme d'habitude à pisser dans un violon, mais avec panache, tout en me disant, "j'ai fait mon boulot, je leur ai envoyé le disque".
J'espère que vous ne m'en voulez pas. Je serais assez content de lire vos réactions.
Sinon, je peux juste ajouter qu'Ego Twister continuera d'exister sans la presse nationale, jusqu'à ce que je devienne sourd. Là, j'envisagerai peut-être de faire autre chose.
Bisous,
yan