Voilà, tout ça est bien dit, et je pense en effet qu'il y a deux territoires du syndicalisme en France bien différents : le public et le privé. Dans le premier, les syndicalistes sont tout de même de sacrés partenaires sociaux, pas franchement des adversaires. Dans le privé, c'est clair que c'est différent que d'afficher une opposition ouverte à une direction...
On suppose un peu vite que les conditions de travail et les relations hiérarchiques seraient plus agréable dans le public que dans le privé, mais c'est pas si évident. Par exemple, la précarité (source de difficultés à revendiquer) existe également dans le public. L'équivalent des CDD, par exemple, qu'on pratique sous formes de vacations pour des étudiants, ou pour des secrétariats, etc. Et comme le taux de syndicalisation avoisine en gros 8%... les syndicats ne pèsent pas lourd. Mais c'est vrai qu'ils sont aussi largement prisonniers de leur traditionnelle bureaucratie et des enjeux de pérennisation de leurs structures (et de leur patrimoine, immobiliser par exemple), qui les occupent pas mal. Plus généralement, il faut tenir compte de la "crise de la représentation" qui sévit dans toutes les démocraties libérales et industrialisée où le secteur de la communication s'est fortement autonomisé et où la professionalisation de la classe politique a induit cette même crise. Ca plus la sociologie du corps politique (via la professionalisation des formations, type ENA/Science Po)... Tout ça pour dire qu'on est face à plus compliqué et plus dangereux qu'un simple rapport de force qui peine à s'instaurer uniquement faute de courage. Y'a de la lâcheté partout, et du cynisme, en France, mais il y a quelque chose de plus gangrenné, socialement. Un recul historique, peut-être, de la foi en le progrès et la Raison ? Non, quelque chose de plus incidieux : nous n'avons plus envie de vivre.
Bon, basta le mélo : pètons un coup en l'honneur du tazer !