On pourrait croire qu’Hector est né dans un sapin, ce qui expliquerait pourquoi sa fourrure est verte, mais en réalité sa mère avait été jettée dans un puits, et il était né au fond du puits, où stagnaient des lentilles phosphorescentes qu’il avait dû manger pour survivre.
Au bout d’un temps qui lui sembla très long, un homme à cheval qui se promenait par là, l’avait entendu japper et l’avait sorti du puits.
L’ homme, ayant remarqué son extraordinaire pelage avait décidé de l’emmener avec lui mais le cheval lui fit si peur qu’il préféra s’echapper en direction de la forêt, où jamais personne n’avait mis les pieds.
Le premier soir, Hector transi d’angoisse, s’était réfugié dans un sapin et avait fini par y passer la nuit.
Le lendemain, au bout d’une errance de plusieurs heures, il avait découvert un immense jardin au milieu de la forêt.
Trouvant le lieu magnifique, il décida d’y faire la sieste. Il s’allongea donc près d’un petit arbre, au pied duquel le climat semblait propice au sommeil.
Pendant qu’il dormait, il fit un rêve étrange.
Une femme géante qui disait s’appeler Régine, sortait de terre, et le suppliait de l’aider à retrouver son troisième oeil. Il n’avait pas eu le temps d’en savoir plus, qu’il s’était réveillé enfermé dans une petite cabane à outils.
Quelques heures plus tard une lucarne s’ouvrit qui laissa dépasser un nez rougeaud. On lui servit un plat luxueusement cuisiné, composé de minuscules poules rôties très croustillantes. Hector, qui de sa vie, n’avait mangé que des lentilles phosphorescentes, se régala comme jamais.
Pendant trois jour, on lui servit ce plat succulent, toujours dans la cabane à outils.
Enfin, la porte s’ouvrit sur un petit nain barbu, qui se présenta sous le nom de Vladimir, Gardien du jardin.
Vladimir avait bien vu que la fourrure d’Hector présentait des qualités essentielles pour éloigner les rongeurs nocturnes puisqu’elle brillait dans le noir.
Il attacha Hector au bout d’une longue chaîne et ainsi, l’autorisa à sortir de la cabane.
Chaque matin, Hector avait droit à cette succulente assiette de minuscules poules rôties à condition qu’il veille, la nuit à ce que les rongeurs ne saccagent pas les légumes du jardin.
Il s’habitua donc à cette confortable condition d’épouvantail bien qu’il fût privé de liberté.
Un jour, alors que Vladimir avait quitté le jardin pour l’après-midi, Hector, toujours bien attaché à sa chaîne, décida de faire la sieste sous le grand arbre propice au sommeil où le nain l’ avait capturé.
Il s’endormit effectivement et vit une nouvelle fois en rêve, la géante Régine sortant de terre, qui le suppliait encore de l’aider à retrouver son troisième oeil.
Cette fois-ci, Régine eut le temps de lui dire que c’était Vladimir qui le lui avait confisqué et qu’il la retenait prisonnière depuis très longtemps dans un profond sous-sol, sous l’arbre propice au sommeil.
Elle lui raconta également que Vladimir n’avait pas toujours été seul dans le jardin mais qu’il était le dernier descendant d’une longue lignée de nains qui avaient voulu préserver son secret en l’isolant derrière une forêt de sapins touffus.
« Il y a très longtemps, dit Régine, il n’ y avait ni jardin, ni forêt à cet endroit. Il y avait plusieurs plaines immenses, au milieu des montagnes, comme en Mongolie. L’empire qui prospérait alors, était constitué de grandes provinces qui s’étendaient à perte de vue.
Chaque province était marquée d’un rocher sur lequel était dessiné le nom du prince à qui elle appartenait. C’était comme ça qu’on identifiait la frontière.
Les princes avaient une famille dont tous les membres possédaient un cheval, et toute la famille habitait dans une grande tente.
Les conflits entre princes de différents territoires se résolvaient à la course.
Un jour, un prince frileux, était venu du nord pour tenter de conquérir le territoire le plus ensoleillé de la plaine.
Le prince qui reignait là-bas avait accepté de jouer son territoire à la course ; ils décidèrent ensemble que celui qui perdrait, cèderait sa région à l’adversaire.
Le prince du territoire ensoleillé, dont le cheval avait été nourri d’herbe grasse, gagna la course et celui qui était venu du nord fut obligé de lui donner ses terres.
Le perdant et sa famille n’avaient plus d’espace où faire courrir leurs chevaux, alors ils durent les vendre et travailler chez d’autres princes pour survivre.
Le prince du sud, qui avait gagné le territoire du nord était allé visiter sa nouvelle propriété, mais ne l’avait pas trouvée très accueillante. Il décida d’acheter quelques nains en Russie et les chargea d’entretenir le territoire en son nom.
Au milieu de la plaine, les nains prirent la décision d’aménager un grand jardin magique, où chaque plante avait un don. Cela prit beaucoup de temps, et il n’auraient jamais pu venir à bout de ce projet sans l’aide de personne.
Or, la guerre avait éclaté dans les montagnes, les cyclopes qui vivaient là-bas durent fuire précipitemment et quitter leurs grottes. Certains d’entre eux s’étaient réfugiés sur le territoire du nord où les nains vivaient.
En échange de l’ hospitalité que les nains leur offraient, les cyclopes travaillèrent dur, et quand la guerre cessa, le jardin était terminé.
C’était un magnifique jardin . Une forêt géante, profonde et très épaisse avait poussé tout autour, le dissimulant au regard de l’univers entier. Toutes les plantes furent dotées de qualités exceptionnelles.
Un accord fût conclu : les cyclopes ne dévoileraient pas l’existence du jardin, et pourraient venir s’y réfugier si une autre guerre éclatait.
Aucune guerre n’avait eu lieu, et la lignée de nains, au fil du temps, s’était réduite à son unique descendant, Vladimir, qui n’avait jamais connu d’autre contrée que le jardin secret et l’immense forêt... »
Hector n’eût pas le temps d’en savoir plus : Vladimir, revenait des bois avec un panier rempli de champignons et fit un saut dans le terrier qui lui servait de maison sans remarquer qu’Hector avait fait la sieste..
Régine rendait visite à Hector, chaque fois qu’il s’endormait sous l’arbre propice au sommeil. Bien sûr, cela n’était possible que lorsque Vladimir quittait le jardin.
Hector apprit par Régine le nom des plantes et à quoi elle servaient.
Il attendait toujours près de la cabane à outils que Vladimir referme sa maison derrière lui. Puis, méfiant, s’allongeait sous l’arbre. Et quand il s’endormait, Régine sortait de terre.
Au bout d’un an, Hector connaissait toutes les plantes magiques du jardin. Mais Vladimir avait constaté que les rongeurs, malgrès la présence d’Hector, étaient revenus faire des dégâts dans ses légumes.
Une nuit, il surprit donc Hector sous l’arbre propice au sommeil.
Sa colère fût terrifiante et sa décision sans appel. L’arbre fût abbattu de façon à ce qu’Hector fasse correctement son travail.
Révolté par tant de violence, Hector décida d’attendre le soir pour manger la plante qui rend fort et casser sa chaîne.
Une fois la nuit, tombée, la plante avalée, la chaîne brisée, Hector aboya si fort que Vladimir, une bougie à la main sortit de son terrier en bonnet de nuit, croyant qu’Hector avait vu des rongeurs.
Pendant qu’il allait au fond du jardin vérifier si tout allait bien, Hector, s’introduisit dans le terrier de Vladimir.
Une galerie le mena jusque dans un vestibule sombre, où tout semblait fait pour qu’un nain puisse vivre confortablement. Il força une porte qui s’ouvrait sur une chambre, une autre qui donnait sur un bureau, l’autre sur une cuisine.
Dans la cuisine, il y avait d’autres portes, et un escalier très étroit qui descendaient profondement. Il décida courageusement d’emprunter ce passage et dégringola, jusqu’en bas.
Régine était là, enchaînée.
« Hector, aide moi à retrouver mon troisième oeil ! Vladimir me l’a volé pour faire de beaux rêves, la nuit, il me retient prisonnière et c’est moi qui doit faire la cuisine ! »
Vladimir avait fait l’affaire du siècle en trouvant Régine, seule, en fuite, perdue dans la forêt. Tout le monde sait qu’un troisième oeil de cyclope, permet beaucoup de chose. D’ailleurs, si Régine s’était enfuie des montagnes où elle vivait, c’est parce qu’un cyclope puissant était devenu aveugle dans sa communauté.
Comme Régine avait trois yeux, on avait immédiatement pensé à elle pour résoudre le problème. Mais l’oeil qu’ elle a sur le frond lui permet de se souvenir de ses rêves. Lorsqu’il tombait, parfois, pendant son sommeil, elle les oubliait.
C’est un oeil très ancien, qu’elle tient de son arrière grand-père. C’est cet arrière grand-père qui lui avait parlé du jardin magique où poussaient toutes ces plantes précieuses au coeur de la grande forêt. Régine s’était dit qu’en allant là-bas, elle serait bien accueillie. Mais elle fût surprise de n’y voir qu’un nain cupide, égoïste, interressé et voleur qui gardait le secret du jardin pour lui seul et qui avait trouvé le moyen de la retenir prisonnière !
Hector commença donc par libérer Régine de ses liens.
A cet instant précis Vladimir, une poignée de plantes à la main, rouge de colère, fit son apparition au bas de l’escalier.
Il n’eut pas le temps d’en avaler une seule. Hector l’attrappa au mollet et fou de douleur, le nain lâcha toutes les plantes qu’il serrait précieusement dans son poing.
Régine saisissant le bouquet, distingua parmis les tiges la plante qui rendait petit et l’avala.
Aussitôt, sa petite taille lui permit, accompagnée d’Hector de foncer tout droit dans la chambre de Vladimir et de retrouver sous l’oreiller son oeil si précieux.
A l’issue de ces évènements ni Hector, ni Régine, ne s’étaient résolus à quitter le jardin secret. Vladimir, fût retenu prisonnier dans sa cabane à outils et condamné à manger la plante amère qui rend gentil, jusqu’à ce qu’il guérisse.
Régine apprit à Hector comment cuisiner les petites poules rôties.
Hector introduisit au jardin la lentilles fluorescente et régine en mangea bour briller dans le noir. Alors, ils s’amusèrent à hanter les bois et quand un animal n’avait pas peur d’eux, ils partageaient avec lui le secret du jardin.