FAUSTA
Kikiilimikilii : zoom H-4, sound editing.
AMP RECS 062
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En sortie de résidence, kikiilimikilii réalise "Fausta" une compilation
de 20 vignettes sonores de 35 secondes, enregistrées in situ et
sortit sur amp records.
Une vieille grange qui se s'étend sur des hectares de forêt, à 2340
mètres, à Amanalco, petit village mexicain à quelques heures de
D.F.
Entretien/ Interview
Darby Mullins : L'objet de ta résidence ?
Kikiilimikilii : Je voulais faire des sortes de "peintures sonores".
Jusque-la, je n'avais travaillé seulement dans des milieux "urbains"
qui foisonnent de bruits, plus ou moins constamment. La première
fois que j'ai travaillé dans un milieu "naturel", c'est lors d'une autre
résidence (Nau Coclea), dans une maison aussi un peu isolée dans
la campagne catalane - même si proche d'une voie ferroviaire et
routière, pas loin de Girona. Bref, ici, je me suis retrouvé, avec les
bruissons du vent, de l'eau, des oiseaux et des chiens.
Une fois, un oiseau qui chantait comme un chat, ou quand
Geronimo faisait manger les saumons ça faisait un orchestre
aquatique, ou les bourrasques de vent sur le grillage qui grince.
Chaque jour, j'ai pris des "extraits" d'ambiance, chaque jour,
différents aux mêmes endroits, comme une cartographie sonore du
lieu avec un zoom H-4.
Darby Mullins : J'aime bien l'idée de cartographie, revenir plusieurs
fois sur un même lieu et enregistrer, relever : transformations,
variations, fluctuation. Tu parles d'une banque sonore classée par
catégorie. Est-ce que chaque vignette est une synthèse d'un lieu ?
Kikiilimikilii : Chaque vignette est une composition de tous les bruits
récoltés dans une même zone/temps défini (intérieur, bois dense,
étang, studio de danse, performance). La zone est présentée à
l’auditeur dans un "cadre" extensif, extra-acoustique, ici, un plan fixe
[vidéo] qui sert de support vierge sur lequel j'ai combiné la matière
sonore amassée pendant deux semaines.
Donc chaque vignette est une proposition de synthèse d'un lieu
parmi une infinitude d'autres.
Darby Mullins : Depuis un moment on voit beaucoup de projet de
field-recording sortir, et il y a quelque chose de documentaire dans
cette appellation, puisqu'on enregistre du réel. Peintures sonores,
peintures de bruits, on passe dans un champ moins scientifique que
celui de la carte, (même si la carte n'est pas exact), de plus
sensible, celui de la représentation.
Qu'est qui détermine le choix d'un format unique, du format court?
Le retraitement, le parti pris plutôt Lo-Fi ?
Kikiilimikilii : La voie compositionnelle que j'ai pris s’appuie sur une
économie de moyens techniques qui correspond à la situation
matérielle et temporelle très réduite que j'avais (temps réduit par le
volcan, matériel réduit d'un point de vue pratique et économique).
Le temps court vient de ce fait, et aussi car je voulais les présenter
comme des "taches sonores". C'est pourquoi je les ai réinterprétés
spontanément, aléatoirement. Mais pas constamment.
J'aime bien cette idée d'accepter l’œuvre dans son indétermination
et son ouverture.
Darby Mullins : Méthode, organisation du temps ?
Kikiilimikilii : Tous les matins lever avec le soleil et le bois qui grince,
et mon zoom dans la main après avoir mangé de la papaye, et du
jus d'orange frais, et de la salsa verde, et fausta, mon amoureuse
(c'est une chienne) qui me dit bonjour, je descends la cote pour
aller aux étangs, et dire ensuite bonjour aux poissons en bougeant
les bras (ils croient que je vais leur donner des graines), ensuite, je
marche, ou je cours un peu. L'après midi, quand il faisait trop
chaud, j'éditais tout ça.
Darby Mullins : Toutes tes prises de son sont faites à bout de bras ?
Ton enregistreur et toi êtes solidaires ? En fait, je trouve toujours
intéressant de connaitre la position et l'activité du corps dans
l'espace, est-ce qu'on te vois, ou pas ? Est-ce que par exemple tu
faits tes prises de sons au joggant ?
Kikiilimikilii : Chaque prise à bout de bras, solidaires. Je marche
souvent avec lui. Il enregistre constamment. Jusqu'à ce que la
mémoire soit saturée. Puis je remonte en haut, je dépose tout ça, je
prends ce dont j'ai besoin. C'est pour ça qu'il y a un long travail qui
vient ensuite.
On ne me voit pas. Je voudrais que la personne s'efface derrière le
son, qu'elle soit le moins visible possible. Dans le cas du live, je suis
juste transmetteur/canal.
Darby Mullins : Collective Tralala ? Qu'est ce que c'est ?
Kikiilimikilii : Un collectif d'artistes créé en 2008 à Paris qui a plus
particulièrement développé sa partie musicale ces derniers temps
avec Feu Machin ou en organisant différents concerts (Nox Factio,
:take:, Young Man, Marie Comète, Trésors...) et soirées (comme la
récente K'AAY à la Miroiterie avec Sonic Surgeon, Julie Rousse, Die
Karlheil Gruppe, Messkaline, Sébastien Herpe, Xiuhcoatl ...).
A la rentrée prochaine, le collectif commencera de nouveaux projets
(théâtre, performances, K'AAY #2...) et invitera le collectif d'artistes
sonores péruvien aloardi (
http://www.aloardi.net/).
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sur le Blog en forme avec des lien et une vidéo qui renvoie à
d'autres-----------------------------------------------
ps : C'est ma première interview, j'espère que ce n'est pas chiant à
lire, je compte sur vous pour me tailler le cas échéant.