Auteur Sujet: actualités septembre 2014  (Lu 3074 fois)

konsstrukt

  • Vicomte des Abysses
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actualités septembre 2014 « le: septembre 05, 2014, 14:58:56 pm »
« J'ai consulté votre livre en ligne. Si je trouve votre style intéressant, il ne correspond pas au public de mon magasin. Je ne prendrais pas malheureusement votre livre pour une dédicace. Je vous souhaite une bonne continuation. »

Ca, c'est ce que me répondent les libraires, faute incluse, quand je prends contact avec eux. Enfin, ceux qui font l'effort de me répondre, je veux dire.

Bonjour à tous.

Deux nouvelles chroniques de La Place Du Mort, dont je suis très heureux : l'une de Mäx Lachaud, pour Obsküre Magazine ; l'autre de Artikel Unbekannt, pour le fanzine La Tête En Noir :


À tombeau ouvert : La place du mort, de Christophe Siébert.
 
Christophe Siébert, « prolétaire de la littérature depuis 2007 », présente La place du mort, son dernier livre, paru en mai dernier chez l’excellent éditeur Camion Noir, comme « une série Z existentielle ». Mais c’est aussi un roman noir. Et un sacré morceau de roman noir. Brutal, féroce, radical, impétueux, mais aussi rempli jusqu’à la gueule d’une infinie tendresse et d’une vraie compassion. « Compassion » signifie « souffrir avec ». Or c’est vraiment de ça qu’il s’agit ici. La place du mort, c’est l’histoire d’une fuite en avant, et dès le prologue on sait que l’issue sera fatale.
Alors on souffre avec Blandine à mesure qu’on découvre son passé fracassé. Et on souffre encore plus quand on réalise que son présent est empreint d’une beauté si fragile qu’il ne peut offrir aucune perspective d’avenir. Oui, j’ai bien écrit « beauté fragile », tandis que certains ne verront là que violence extrême, pornographie déviante et nihilisme martelé. Comme si ces trois notions devaient nécessairement exclure la beauté. Comme si un portrait de femme devait nécessairement être peint en rose pastel. Comme si le féminisme avait pu s’imposer sans jamais s’être fait… violence.
Voilà pourquoi Blandine n’hésite pas à se servir de son corps comme d’une arme. C’est elle qui mène la danse, et qui impose son « Sex, drugs and Electronic Body Music ». Car elle écoute Front 242, et les amateurs – dont je suis – apprécieront la totale cohérence de ce choix. Les mots de Christophe Siébert, coupants et précis comme des rasoirs, épousent à merveille les BPM millimétrés et les samples crypto-politiques du quatuor belge. Et si cette formule énergique et froide constitue la bande-son idéale d’une odyssée tragique aux allures de danse macabre, c’est justement parce qu’elle trouve un personnage capable de faire corps avec elle. À musique « virile », femme forte.
« Les vrais durs ne dansent pas », écrivait Norman Mailer. Et pourtant Blandine danse. Et elle joue. Avec le feu, évidemment. Elle se brûle le bout des seins avec des cigarettes pour mieux se sentir vivante. Elle aime Sammy, qui s’est fait ramasser par les flics. Sammy qui comme elle en a vu – et senti – de dures. Elle ferait n’importe quoi pour le libérer. Vraiment n’importe quoi. Alors elle recontacte son frère, aventurier, ami et… amant. Leurs retrouvailles seront pour eux l’occasion de franchir toutes les limites. Au diable codes sociaux et autres normes morales. Au diable les artifices, et vive le feu. La liberté a un prix, et Blandine est prête à le payer comptant.
La place du mort, c’est ce qui pourrait ressortir d’une collision entre La balade sauvage, de Terrence Malick, et le documentaire consacré aux Sex Pistols L’obscénité et la fureur. Comme si Christophe Siébert avait réussi à organiser une impossible rencontre entre Virginie Despentes et le regretté Jean-Patrick Manchette. Comme s’il ne s’était pas contenté de prendre une part – active, forcément – à leur conversation, mais les avait accompagnés jusqu’au bout de la nuit dans une ultime virée furieuse.
Alors, engagé ou dégagé, La place du mort ? Les deux, mon capitaine. Et enragé, surtout. Enragé sans relâche, sans pitié et sans remords. Enragé comme l’était le terrible brûlot de Pierre Pelot, Le sourire des crabes (sorti en 1977, ça ne s’invente pas), à la trame assez similaire, auquel ce roman frénétique donne un écho strident pour mieux enfoncer le clou dans les paumes du lecteur crucifié. On vous a dit que les derniers Punks étaient morts ? On vous a menti. Il reste Christophe Siébert.
Artikel Unbekannt

Mes lectrices sont formidables. Voici l'une d'elles lisant quelques extraits de Poésie Portable à Berlin.
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=yZ7SaOuEciA

Et voici ce que m'envoie une autre, par SMS : « la place du mort est un bouquin qui donne envie de baiser et de braquer des banques. »

Y a pas à dire, avec un lectorat pareil, qu'en ai-je à foutre des libraires qui se pincent le nez quand ils lisent mes trucs ? Franchement ?

Bon, j'arrête de me goberger, voici un peu d'infos sur les événements à venir :

Le Rituel Drone se poursuivra le 24 septembre (19h30, 16 rue des Minimes, Métro Chemin Vert) à Paris, pour fêter le numéro 1 de la Revue Métèque . Voici un lien vers l'événement Facebook :
https://www.facebook.com/events/720344128039491/?fref=ts

Et voici le flyer :



(A ce propos, je cherche une bonne âme pour m'héberger pour la nuit. Si vous avez un manoir dans le troisième à disposition des invités, une chambre d'ami ou simplement un bout de canapé, contactez-moi en privé.)

Il y a quelques autres dates prévues à Marseille, Lille, Bruxelles, Toulouse et dans les Alpes, tout ça entre mi-octobre et mi-novembre, je vous en reparlerai la prochaine fois.

Pour ceux que ça intéresse : j'ai de nouveau en stock certains de mes bouquins. Ceux qui aimeraient un exemplaire dédicacé de J'Ai Peur, Poésie Portable ou La Place Du Mort, peuvent me contacter par message privé.

Mes prochaines parutions : un texte inédit dans le numéro 1 de la Revue Métèque ; un texte tiré de Porcherie (mon recueil épuisé) dans le prochain numéro Short Story, la revue électronique de La Matière Noire ; des extraits de Poésie Portable dans le prochain numéro de Ce Qui Reste, une revue également électronique.

La Revue Métèque, dont ce sera le deuxième numéro (le numéro 0 avait paru il y a un peu plus de six mois, si je ne dis pas de bétise), est, du point de vue de l'auteur que je suis et du point de vue du lecteur que vous devriez être, la plus intéressante revue disponible. On y trouve tous les écrivains que j'aime (Marlène Tissot, Nicolas Albert G., Jacques Cauda et j'en passe), elle est belle : maquette travaillée, beau papier, etc., et, ce qui ne gâte rien, Jean-François Dalle, qui est derrière tout ça, réussit à être intransigeant et exigeant sans oublier de nous chouchouter. Bref, on s'y sent aussi bien que dans des rangers fourrées au chichilla. Tout ça pour le prix du dernier Djian, franchement, y a pas de quoi se plaindre.
http://www.revuemeteque.com/
(Le site ouvrira au public dans quelques jours)

Short Stories, c'est la revue des éditions La Matière Noire. La Matière Noire est un éditeur numérique qui aime la poésie et le roman noir et, surtout, qui aime son métier. Déjà, le nom de sa maison. La Matière Noire, pour qui a travaillé (ou tenté de le faire) avec Numériklivres, Edicool ou Emoticourt, ça file moins la honte. De plus, Victorien, l'éditeur, aime ses auteurs. Aimer ses auteurs, ça veut pas dire les accabler de louanges et partir en vacances, non, non. Aimer ses auteurs, je ne le répèterai jamais assez, et sans S à répèterai, je suis pas libraire, moi, je suis écrivain, je sais faire la différence entre un futur et un putain de conditionnel, aimer ses auteurs, disais-je, ça veut dire : faire tout son possible pour vendre leur putains de bouquins.
http://www.short-stories-etc.com/

Ce Qui Reste, je connais pas encore très bien. C'est une revue en ligne, en tout cas, et j'y ai quelques camarades qui y publient. Pour le peu que j'ai vu, c'est sobre, plutôt réussi, et l'ambiance a l'air plutôt intello-minimale, bref, c'est chouette, allez-y voir.
http://www.cequireste.fr/

Une brassée de nouveaux poèmes :

57
 
D'un côté de la rue la résidence avec le saule pleureur, les jeux pour enfants, les bancs, le gazon bien taillé qui supporte tout ça
 
Les merdes de chien
Invisibles
Les insectes
Qu'on ne voit pas
Les oiseaux
Qu'on n'entend pas
 
De l'autre les pavillons alignés comme des bidasses un jour de fête, les haies à angle droit, les jardins bien taillés et dedans les barbeucs placés au même endroit et le désordre identique des jouets laissés là par Théo, Manon, et compagnie
 
Les deux faces
Pour moi
Du même
Cauchemar
 
58
 
J'ai le privilège
Immense
De me lever chaque matin à l'heure que je veux
Et vous
Êtes-vous
Une mouche
Forçant
Forçant
Pour s'a
Rracher
De la sonnerie mais c'est peine perdue toujours elle vous dévore ?
 
59
 
Ève Ruggieri
A des nichons
Délicieusement
Sixties
 
60

Lire la presse
Lire les magazines
Écouter la radio
Regarder la télé
C'est peu à peu se rendre à l'évidence que le monde, les gens, n'existent pas, n'ont jamais existé
Que tout est séparé
Restent les romans
 
61

Mon fantasme numéro 1, en tant que fraudeur permanent de la SNCF, ce serait de tomber sur un contrôleur qui connaisse mes livres. Au moment de rédiger le PV, avec son petit stylet et sa petite machine, il lit ma carte d'identité, il voit mon nom et me demande : mais vous êtes ?..., et moi je réponds oui, alors il continue : je peux vous demander ?..., et moi je réponds bien sûr, et je signe deux fois, une fois le PV et une fois le bouquin qu'il me tend, qu'il a toujours sur lui, qui a changé sa vie.
Si un tel truc m'arrivait, est-ce que je banderais ?
 
62

Le jour où tu baisses les bras
Le jour où tu deviens
Un artiste local
 
63
 
Cette idée bien française
Cette idée bien crasseuse
Qui dit que l'uniforme engendre l'harmonie
Cette idée bien française
Ce dix-neuvième siècle
Qui toujours se demande si chaque citoyen a bien rangé sa chambre
Ce dix-neuvième siècle bien dégagé derrière les oreilles
Et qui dure, qui dure
Et qui dure

Et, si vous voulez aussi, un extrait (toujours pareil : non relu, non révisé, garanti 100% premier jet) d'un de mes manuscrits en cours de travail, Descente, voilà :

— Tu vois, ce que je ferais, c'est que m'occuperais en priorité des villages. Des petits magasins, des bus, des conneries comme ça. Des gares paumées, de tout ça. C'est pas compliqué. Un gros sac de sport, ça suffit, de nos jours. Pour contenir la bombe et le détonateur. Regarde comment ils font les Palestiniens. Un truc actionné à distance, avec ton téléphone portable. Sérieux, c'est facile à faire, ça coûte pas cher. Les pharmacies, aussi, tu imagines ? Et les salles d'attente des médecins. Avec tous les petits vieux. Les bureaux de postes. Les médiathèques. Tout. Tu peux tout faire péter si tu vois pas trop grand. Un bus scolaire, dans un village ou une petite ville, et boum ! Quarante merdeux qui partent en fumée. Bon bien sûr ce serait en mode attentat-suicide. Mais en étant finaud y a moyen de le faire aussi sans se faire sauter avec. Et après tu appelles Le Monde ou Libération et tu dis Al-Qaïda ceci, les Juifs cela, et le tour est joué. Tu les regardes s'agiter. Toi, t'es déjà dans un autre village, à cinq cent kilomètres de là, en train de préparer le prochain.
— Mais... Dans quel but, putain ?
— Je sais pas, moi. C'est marrant, non ? Ca fout le bordel, quoi. J'y pense souvent quand je prends le train, avec tous ces mômes, et tous ces vieux qui font chier...
— Ah ouais ?...
— Ouais. Pas toi ?
— Bin, non.
— T'as antisémite, toi ? Au fait ?
— Quoi ? Bien sûr que non, ça va pas ?
— Ah ouais ? Putain, je sais pas comment tu fais. Moi les youtres je peux pas. Enfin, c'est comme ça, hein, t'aimes les Juifs, chacun ses goûts, comme on dit. Quand même... Mais pourquoi tu les aimes ? Je veux dire, ils ont quoi qui te plaît ?
— Mais j'ai pas dit que je les aimais ! Enfin, je m'en fous, je suis pas raciste, quoi, c'est tout !
— Ah. Ouais. Pourquoi pas, remarque. T'aimes bien les youtres, les bicots et les nègres, et t'aimes bien les pédés aussi, j'imagine. T'es de gauche, quoi. De toute façon vous êtes tous de gauche, y a qu'à vous regarder cinq minutes pour le savoir.
— Tu veux pas qu'on parle d'autre chose ?
Celui qui veut faire sauter des bus et n'aime pas les Juifs, c'est Guy Georges. Depuis quelques semaines, on est en cavale. Avant ça, il s'était installé chez moi. En planque. Quelques jours.
Enfin, Guy Georges c'est pas son vrai nom. Son vrai nom c'est Yaya. Mais il se fait appeler Guy Georges parce qu'il trouve ça classe. Une fois il m'a raconté comme il a fait peur à un couple qui sortait d'une vigne et qui venait de baiser. Il m'a raconté qu'il se faisait passer pour un flic en civil et qu'il avait bien envie de casser la gueule au type et de violer la gonzesse. Fallait le voir raconter ça. Les yeux qui brillent et tout.
— Je marchais le long de la route, j'étais vers Avignon, dans les vignes, quoi. J'avais rien de mieux à foutre que marcher, la tire que j'avais fauchée avait plus d'essence, faut dire que j'étais descendu de paris, et je retournais à Avignon, quoi, en faisant du stop mais comme il faisait bon et que j'étais pas très loin, pourquoi pas marcher, hein ? Et là je les vois débarquer des vignes, directement sur la route, en se tenant par la main, le type avait un sourire jusqu'au oreilles et la fille les yeux qui brillent, enfin je te fais pas un dessin, je pouvais presque entendre le sperme lui couler sur les jambes à cette pute. Ils m'ont vu, un peu gênés et un peu rigolard, mais je me suis mis devant eux et moi je rigolais pas du tout, et vu le gabarit du type, ils avaient tous les deux vingt, vingt-deux ans, tu vois, le genre étudiant en lettres, leur sourire s'est direct effacé de leurs gueules. Vous faisiez quoi en bas ? j'ai dit. Ils se sont mis à bredouiller, hein, heu, rien, comment ça ; enfin, tu vois le genre, ils me prenaient pas au sérieux. Alors j'ai joué le grand jeu. Vous savez que c'est une propriété privée ? j'ai dit. Vous savez que vous n'avez pas le droit d'être dans cette vigne ? Alors je veux bien être sympa avec vous mais faut pas me prendre pour un con, OK ? Soit on s'arrage ici tranquillement, soit ce sera avec les collègues, au poste, et ce sera moins marrant. Tu aurais vu leurs gueules, putain ! Un régal ! Bin, euh, on... qu'ils me répondent. La fille, toute rouge, ne dit pas un mot. Vous faisiez des cochonneries ? Je dis. Le type me regarde bizarre et la fille de travers. Alors je hausse le ton. Le prenez pas comme ça ! que je dis. Le prenez pas comme ça ou ça va très mal se passer ! Attentat à la pudeur vous connaissez ? Et là je leur fais un regard vraiment méchant, et je leur fous enfin la trouille. Vous baisiez dans cette putain de vigne ? Je leur gueule ça à la face, je suis près d'eux à les toucher – et elle est putain de bandante, la salope, j'ai des tas d'idées qui me viennent en tête, tu imagines. J'ai mon couteau, aussi, et forcément, j'y pense. Mais finalement cette fois-là je fais rien, je les laisse partir. Je les suis du regard un moment et je pense à ce type, à mon pote gendarme, je t'en ai parlé de lui ? Un rabatteur. Pour des partouzes de la haute. Pour des films spéciaux. Un type marrant. On se connait, on se croise parfois. Rabatteur. C'est comme ça qu'il définit son activité. Gendarme, c'est plus ou moins une couverture, son fric il le gagne autrement – et c'est un sacré paquet de fric, hein, tu peux me croire. De l'oseille, de la vraie. J'aurais bien aimé faire ça, moi aussi, mais je suis pas assez fin, je crois, je suis trop bourrin. Et puis il faut obéir aux ordres et ça j'aime pas, j'ai jamais aimé, et il faut être discrêt, aussi, et ça me fait chier. Bref c'était pas un boulot pour moi, rabatteur, ce qui m'empêchait pas, quand j'avais besoin de fric, d'aller lui filer un coup de main. Des fois il avait besoin d'un type persuasif pour mettre les bonnes idées dans le crâne des gens, pour faire en sorte que tout le monde soit d'accord, tu piges ?
Il parlait comme ça pendant des heures et des heures, il était intarrissable, je n'écoutais que d'une oreille, ses salades ne me passionnaient pas tant que ça mais bon, quand un gros con comme lui a envie de raconter sa vie, c'est pas un mec bâti comme moi qui va lui dire de fermer sa gueule, ça, non. D'ailleurs, c'est pas moi qui l'avait invité chez moi, non, non, c'est lui qui avait décidé que ça serait mieux comme ça. Mieux pour lui, c'est à dire. Une fois il m'avait parlé de son idée de journal télévisé porno. Ca faisait presque quarante-huit heures que nous n'avions pas dormi, pas mangé, nous ne faisions rien d'autre qu'aller de temps en temps à la fenêtre surveiller que personne n'arrive, et, de temps en temps aussi, aller jeter un œil à la vieille, que nous avions ligotée et baillonnée sur son lit, dans sa chambre, histoire de voir qu'elle n'était pas morte. Nous n'avions plus rien à boire et même si le Frigo de la vieille débordait de victuailles, nous étions trop dans la merde pour nous soucier de bouffe. Il m'avait raconté sa vie dans tous les sens, en long et en large, et d'un coup il me demande : tu sais ce que je ferais, si j'avais une chaîne à moi ? Si j'avais ma propre chaîne de télé ? Moi : Non... Et lui qui enchaîne : si j'étais comme l'autre con, comme le rital de mes deux, là, Berlusconi, tu sais ce que je ferais pour que ça marche, pour que les gens soient tous scotchés devant ?
— Non...
— Un journal télévisé porno. Tu imagines le truc ?
Moi je n'avais pas compris. Je pensais qu'il voulait dire : un journal télévisé qui parlerait de l'actualité porno, ou un journal télévisé présenté par une star du porno, mais dans les deux cas ça existait déjà et je le lui ai fait remarquer – oui, des fois, tout de même, nous parlions. Il m'a regardé comme si j'étais le dernier des abrutis.
— Mais non, débile, pas ça. Un-vrai jour-nal por-no. Imagine. Tu as les deux présentateurs, un mec et une nana, ou même deux nanas, hein, peu importe. Le décor, c'est pas une salle de rédaction comme dans les autres JT, mais un salon de massage. D'accord. Et tu en as un qui masse l'autre. Les deux annoncent les titres, les reportages, font tout le truc comme il faut, sauf que voilà, ce sont deux porn-stars en train de se masser. Et au fur et à mesure du journal ça devient de plus en plus chaud, jusqu'à ce qu'ils baisent pour de bon. Ils s'interrompent juste pour annoncer le titre suivant. Tu piges ? Et pendant les reportages le son du studio est pas coupé. Tu sais, comme dans les bétisiers où on entend le mec qui présente se mettre à raler d'un coup ou réclamer un Coca alors qu'à l'image t'as un fait-divers ou l'enterrement de Machin-machine ? Sauf que là c'est pas un bétisier et qu'ils réclament rien : ils s'en foutent plein le cul et ils prennent leur pied. Et à la fin du journal, éjac. T'en penses quoi ? Ca ferait un carton, putain !
J'en pensais quoi ? Qu'est-ce que j'en pensais ?

Et pour finir, je compte sur vous pour croiser des tas de doigts le 10 septembre : en effet, c'est le jour où le jury du prix de Sade sélectionne les livres qui concourront cette année. La Place Du Mort est entre leurs mains, comme le fut Nuit Noire il y a deux ans, qui avait été sélectionné mais n'avait pas remporté le prix (c'est Angot qui l'avait eu, mais l'avait refusé, bref), et je serais bien joyeux s'il était sélectionné – et encore plus, soyons fous, s'il avait le prix.

A la prochaine,
Christophe Siébert.

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Re : actualités septembre 2014 « Réponse #1 le: septembre 05, 2014, 19:07:48 pm »
ho, et un addendum ! j'ai aussi des textes dans le dernier squeeze, formidable revue électronique, à lire ici : http://revuesqueeze.com/actualites/revue-squeeze-n9/